Parce qu’il n’aurait pas assez bien couvert les dernières fuites, et/ou parce qu’il a osé critiquer l’organisation et son charismatique leader, Wikileaks aurait refusé de délivrer au New York Times les cables diplomatiques que le journal a finalement obtenu grâce au Guardian.

Lorsque nous évoquions ce lundi midi les fameux câbles diplomatiques publiés par Wikileaks, nous nous demandions si le site Internet avait abandonné l’ouverture des données qui faisait sa spécificité. En effet, seuls quelques journaux ont eu accès aux documents, filtrés avant une publication au compte-goutte. Ce qui semble briser la promesse initiale du site, d’être une plateforme neutre de publication de documents confidentiels bruts. Comme tout le monde, nous citions cinq journaux partenaires de l’opération : Le Monde, El Pais, The Guardian, Der Spiegel et le New York Times. Il s’agit tous de journaux qui avaient déjà collaboré dans le passé avec Wikileaks.

Mais il semble que le journal américain n’a pas bénéficié cette fois d’un accord avec Wikileaks, contrairement à ce que laissaient croire les premières publications. Le site Journalism.co.uk souligne que dans un éditorial daté de lundi, le New York Times précise que les quelques 250 000 documents lui ont été communiqués « par une source qui a insisté pour garder son anonymat« . Or un journaliste du Guardian a confié à Yahoo News que c’était l’organe de presse britannique qui avait fourni les documents à son homologue américain.

« Il n’y a aucune certitude sur ce qui a poussé Wikileaks à exclure le New York Times de la boucle cette fois-ci, mais la couverture faite par le journal de l’organisation et de son fondateur a été parfois férocement critique« , rappelle Journalism.co.uk. Le NYT aurait notamment critiqué la publication des documents militaires en brut sur le site de Wikileaks, tandis que le mois-dernier, c’est un portrait au vitriol de Julian Assange qui a été publié.

Le premier quotidien américain aurait donc payé son indépendance vis à vis du site qui se réclame indépendant. Un comble, qui ne va pas arranger le portrait despotique que dresse un ancien collaborateur d’Assange, depuis sa rupture.

Si le New York Times a pu finalement publier des articles sur les fuites en même temps que ses confrères internationaux, c’est parce qu’il a bénéficié lui-même de fuites. Deuxième comble. De là à penser que le Guardian sera sanctionné lors des prochaines publications, il n’y a qu’un pas.

Wikileaks veut contrôler au maximum la communication, aussi bien sur le fond avec la couverture des documents qu’il publie que sur la manière dont les journalistes parlent de Wikileaks ou de son fondateur. Rendre les journaux dépendants des données qu’il leur délivre en avant-première est un moyen assez malsain de parvenir à cette fin…

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