Google favorise-t-il ses propres services au détriment de la concurrence lors d’une requête passée sur son moteur de recherche ? À cette question, la Commission européenne veut des réponses. Elle a donc ouvert ce mardi une enquête antitrust pour déterminer si le moteur de recherche américain abuse d’une position dominante dans le domaine de la recherche en ligne.
« L’ouverture de la procédure formelle fait suite au dépôt par des fournisseurs de service de recherche en ligne de plaintes selon lesquelles leurs services seraient pénalisés dans les résultats de recherche payants et gratuits de Google. Les plaintes allèguent également que Google favoriserait ses propres services » explique le communiqué publié par la Commission européenne.
L’exécutif européen précise toutefois que l’ouverture d’une enquête ne signifie pas que la Commission dispose de preuves allant dans le sens des fournisseurs de service de recherche en ligne. Néanmoins, la Commission européenne fait savoir qu’il s’agit d’une enquête à caractère prioritaire. Celle-ci s’articulera autour de deux axes. La première portera sur le classement des résultats d’une recherche et la seconde sur d’éventuelles clauses d’exclusivité imposées à des partenaires publicitaires.
Dans le domaine de la recherche gratuite, la Commission européenne cite en particulier le cas des comparateurs de prix qui auraient été abaissés dans le classement des résultats d’une recherche. Dans le même temps, les services de Google auraient été davantage mis en avant. Du côté de la recherche payante, Google est suspecté d’avoir dégradé l’un des paramètres déterminant le prix à payer pour l’affichage d’une publicité.
L’enquête démarrée par la Commission européenne fait suite à la plainte déposée en début d’année par trois sociétés concurrentes de Google. Les trois sociétés concernées sont les comparateurs de prix Ciao et Foundem, et le moteur de recherche spécialisé eJustice.fr. Elles reprochent à la firme de Mountain View de les avoir pénalisé volontairement.
Tout l’enjeu de l’enquête menée par la Commission européenne sera de déterminer si Google peut rester neutre en gardant ses algorithmes de recherche secrets. Dans la mesure où Google protège son algorithme de classement, il est impossible de savoir si la firme agit loyalement. Et comme Google est société commerciale, elle a forcément intérêt à favoriser ses services ou ceux de ses partenaires, plutôt que ceux de la concurrence.
Comme nous l’expliquions en septembre dernier, lorsque Google n’était qu’un moteur de recherche, le problème de la neutralité ne se posait pas vraiment. Son unique fonction était d’indexer et classer toute l’information disponible sur le net. Mais au fil des ans, Google a ouvert de nouveaux services, se transformant peu a peu en véritable éditeur. Au point de rentrer en concurrence avec des sociétés indexées par Google.
Le souci est d’autant plus préoccupant en Europe, dans la mesure où Google domine le secteur de la recherche dans les principaux marchés. Selon le baromètre des moteurs fourni par AT Internet pour le mois d’octobre 2010, Google atteint 91,6 % de parts de marché en France, 91,7 % en Allemagne, 92,9 % en Espagne et 89,9 % au Royaume-Uni.
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