Ce n’est pas une surprise, les chancelleries du monde entier n’apprécient guère la diffusion de données confidentielles ou secrètes, qu’il s’agisse de télégrammes diplomatiques ou de documents militaires liés aux guerres d’Irak et d’Afghanistan. Dans ces conditions, il n’est pas vraiment surprenant de voir une pression politique s’exercer tout autour du monde pour limiter l’influence de Wikileaks.
Les premiers effets de la contre-attaque politique commencent à se faire ressentir. Aux États-Unis, Amazon a expliqué ne plus vouloir héberger Wikileaks parce que les câbles diplomatiques publiés depuis dimanche dernier n’appartiennent pas à son ancien client. De plus, le site de commerce en ligne a estimé que ces documents sont susceptibles de mettre en danger la vie d’autrui.
En France, le ministre de l’économie numérique a fait une sortie remarquée aujourd’hui sur le sujet. Dans un communiqué, Éric Besson a demandé au Conseil Général de l’Industrie de l’Énergie et des Technologies (CGIET) les moyens juridiques et / ou techniques pour expulser Wikileaks hors de France. Le site s’appuie en effet en partie sur les serveurs d’OVH qui intervient ici comme intermédiaire technique.
Toute la question est de savoir si l’hébergeur français saura résister aux pressions politiques qui se concentrent autour de lui. Comme intermédiaire technique, OVH affirme que ce n’est pas son rôle de se prononcer sur le caractère licite ou illicite des activités de Wikileaks. Cette mission doit être uniquement confiée à la justice. À ce sujet, soulignons qu’OVH a saisi le juge des référés.
Mais à supposer qu’OVH doit effectivement couper l’accès à Wikileaks, le gain pour les gouvernements du monde entier sera quasi-nul. En cherchant à bloquer le site, l’effet inverse est en train de se produire. Des dizaines de sites miroirs sont en train d’émerger pour maintenir l’accès au site web. C’est typiquement une manifestation de l’Effet Streisand.
Comme l’explique Wikipédia, il s’agit d’un phénomène Internet qui se manifeste par l’augmentation considérable de la diffusion de l’information ou de documents faisant l’objet d’une tentative de retrait ou de censure. À titre d’exemple, le site de recommandation Digg s’était effondré pour avoir essayé de bloquer les clés de déchiffrement AACS des nouveaux disques optiques.
Comme le fait remarquer Authueil, « même si l’idéologie de transparence absolue de Wikileaks n’est pas partagée par tous (loin de là même), les traquer comme cela est fait actuellement ne peut que leur apporter sympathie et soutien sur un Internet très marqué par la culture libertaire. Il n’est jamais bon de transformer ses adversaires en martyrs« .
« Pareillement, s’amuser à traquer des informaticiens chevronnés sur la toile, c’est aller sur leur terrain et prendre le risque d’une défaite cinglante, qui fera date. Enfin, c’est prendre le risque d’utiliser des outils juridiques fragiles, et en allant au bout, de monter leur limites » ajoute l’attaché parlementaire sur son blog.
Contrairement aux précédentes fuites organisées par Wikileaks, la diffusion des 250 000 câbles diplomatiques se fait en coopération avec cinq grandes rédactions internationales (Le New York Times, Le Guardian, El Pais, Der Spiegel et Le Monde). Ces dernières effectuent un contrôle systématique des notes diplomatiques avant publication dans la presse.
« On s’est accordés sur la manière de mettre en ligne les mémos : lorsque nous rayons des noms ou des indications pour protéger la sécurité des personnes, tout le monde fait la même chose » a assuré Sylvie Kauffmann, directrice de la rédaction du Monde. « Ce sont ces mémos, revus par nos soins, qui sont ensuite mis en ligne par Wikileaks. L’organisation a accepté de s’y plier« .
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