C’est une toute nouvelle région de Neom que l’Arabie saoudite vient d’annoncer : Magna. Dans un communiqué de presse publié le 5 juin 2024, Neom a présenté Magna comme « une destination côtière », dédiée au tourisme d’ultra luxe. Située tout le long de la côte saoudienne du golfe d’Aqaba, la région est pensée pour être une nouvelle destination prisée dans le royaume, mais surtout à l’international.
Magna fait partie de Neom, le projet d’aménagement du territoire futuriste et dystopique initié par le pays, et dont dépendent également The Line, la ville linéaire de 170 km de long, et Trojena, la station de ski en plein désert.
Avec Magna, l’Arabie saoudite a dévoilé un plan moins sensationnel que les précédents, mais il porte tout de même la marque de la démesure : Magna est composée de 12 projets tous plus extravagants que les autres. Cela dit, ils risquent encore d’abîmer l’écosystème de la région, qui était juste là resté relativement préservé. Ces initiatives sont face à des critiques.
Quels sont les plans de l’Arabie saoudite liés à Magna ?
Fin 2023, l’Arabie saoudite a annoncé un grand nombre de projets d’hôtel et de destinations touristiques. Numerama a consacré des articles à certains de ces programmes, notamment les plus invraisemblables. S’ils avaient été annoncés séparément, ils font en fait partie du plus vaste ensemble Magna, dont le nom vient d’être dévoilé.
Epicon
Epicon est un projet d’hôtel en forme de hashtag géant, accompagné de résidences en bord de mer. Le tout est pensé pour du tourisme de luxe. Epicon a été l’un des premiers programmes dévoilés publiquement par Neom.
Norlana
Un concept de ville futuriste, avec une marina pour des yachts, des parcours de golf et un centre hippique. Norlana doit proposer un « environnement unique mêlant luxe et technologie de pointe », précise Neom, sans donner plus de détails sur la partie technologie.
Siranna
Un hôtel situé entre un canyon et la mer, à la forme improbable rappelant la Chaussée des Géants en Irlande : Siranna est un autre projet extravagant. L’hôtel promet d’offrir des cours de sport par hologramme. Sa construction a d’ores et déjà commencé — c’est l’un des seuls programmes de Magna dont la première pierre a été posée.
Utamo
Une sorte de salle de spectacle et théâtre futuriste, gravée à même les montagnes, et entouré d’un jardin, qui doit proposer des « expériences multisensorielles. »
Aquellum
Aquellum est certainement l’une des idées les plus saugrenues de Magna : il s’agit d’une « ville souterraine connectée. » Cette cité doit être construite à l’intérieur d’une montagne, qui sera évidée pour laisser la place aux bâtiments.
Leyja
Trois hôtels aux formes futuristes (un bâtiment est construit comme une sorte de mini The Line), construits dans un canyon inhabité.
Zardun
Zardun est présenté comme un « refuge de luxe pour l’écotourisme. » Dans les faits, cette petite réserve naturelle doit surtout permettre aux plus fortunés de faire du safari et de voir des espèces endémiques. Neom promet que la zone sera un sanctuaire pour les espèces menacées, qu’elle compte réintroduire — on espère que cette partie sera véritablement achevée.
Xaynor
Une « station balnéaire ultra-chic », Xaynor doit proposer un spa connecté, des piscines privées, des restaurants, des boutiques de luxe, et même une discothèque.
Jaumur
Jaumur doit être une ville, accueillant 6 000 habitants dans des quartiers de luxe, mais surtout une marina pour les « super-yacht » et un centre d’exploration subaquatique avec des sous-marins.
Elanan
Un immense ensemble hôtelier et centre de soin, qui doit « intégrer à la perfection les nouvelles technologies », le tout construit dans une oasis.
Gidori
Un projet entier dédié au golf, Gidori est une « communauté » tournée exclusivement vers le sport. L’espace doit accueillir un immense parcours de golf pour des championnats, et même une « académie du golf » high tech.
Treyam
Treyam sera un hôtel de luxe dont la seule ambition est d’avoir la plus longue piscine à débordement du monde, d’une longueur de 450 mètres.
Les controverses autour de Neom
Le développement de toute la zone de Neom est au centre de nombreuses controverses. Le respect de l’environnement est l’une des plus centrales : bien que Neom assure que chaque destination respectera la nature, la seule construction de ces lieux va avoir un impact inévitable sur l’écosystème. La venue de 300 000 touristes par an (c’est l’estimation faite par Neom de clients dans la zone) devrait également chambouler la faune et la flore locale — même si Zardun doit être un éco-lieu et une réserve naturelle.
Les droits de l’homme sont aussi une question importante autour du projet. La BBC a récemment révélé que l’Arabie saoudite avait donné à son armée l’autorisation de tuer certains des opposants au projet The Line, des habitants de la région qui refusaient d’être expropriés. Ces révélations ont entaché la réputation du royaume à l’international, et certains des partenaires de la construction auraient choisi de partir du projet, selon le média britannique.
De plus, la construction de The Line aurait accumulé les retards et les déboires. La ville, qui devait initialement être terminée en 2030 et accueillir 9 millions d’habitants, a revu ses ambitions à la baisse : à cette date-là, seuls 2,4 km devraient être complétés, et 300 000 personnes devraient vivre sur place. Une estimation trente fois plus basse que celle fixée au départ.
Enfin, il y a la question de l’argent. En tout, la construction de Neom et de tous ces nombreux projets (The Line, Trojena, Oxagon, Sindallah et Magna) devrait nécessiter de débourser 1 500 milliards de dollars au royaume — une somme exorbitante, même pour la pétromonarchie. L’Arabie saoudite, qui avait jusque-là payé pour l’intégralité du projet, s’est ainsi récemment tournée vers d’autres options de financement.
Le pays aurait l’intention, pour la première fois de son histoire, d’émettre des obligations, et l’Arabie saoudite aurait déjà souscrit plusieurs emprunts auprès de banques. Neom avait même organisé une tournée en Chine de plusieurs de ses dirigeants, afin de lever des fonds auprès d’investisseurs locaux — sans succès.
+ rapide, + pratique, + exclusif
Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l'I.A, contenus exclusifs et plus encore.
Découvrez les nombreux avantages de Numerama+.
Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci
Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.
Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :
- 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
- 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
- 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.
Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.
Abonnez-vous gratuitement à Artificielles, notre newsletter sur l’IA, conçue par des IA, vérifiée par Numerama !