À l’issue du scrutin des élections européennes, dont les résultats sont désormais connus, deux youtubeurs, un chypriote et un espagnol, vont faire leur entrée au Parlement européen.

L’un a annoncé sa victoire sur Instagram, dans une story mentionnant qu’il était « désormais élu au Parlement européen 😂 ». L’autre a commencé son allocution pour fêter son élection au Parlement européen en conseillant au chef du gouvernement de « se cacher », car il comptait le « mettre en prison ». Le premier est chypriote, a 24 ans, et s’appelle Fidias Panayiotou ; et le deuxième, Alvise Pérez, est un Espagnol de 34 ans.

À première vue, les deux n’ont pas forcément beaucoup de points communs. Ils en partagent pourtant certains : ils sont tous les deux youtubeurs, et ont connu des controverses après la publication de leurs vidéos. Surtout, ils viennent tous les deux d’être élus députés européens, sans avoir eu au préalable aucune expérience en politique.

La story Instagram de Fidias, annonçant sa victoire, et une capture d'écran du discours d'Alvise  // Source : Captures d'écrans et montage Numerama
La story Instagram de Fidias, annonçant sa victoire, et une capture d’écran du discours d’Alvise. // Source : Captures d’écrans et montage Numerama

Fidias Panayiotou, le youtubeur trublion

Fidias Panayiotou, le nouvel élu chypriote, a commencé les vidéos en 2019. Sur YouTube, où il cumule plus de 2,6 millions de followers, il s’est notamment fait connaitre avec ses vidéos au style tapageur : « J’ai passé 10 jours gratuitement dans un aéroport », « j’ai dépensé 100 millions dans le pays le moins cher », « j’ai survécu pendant 10 jours enterré vivant »… des concepts démesurés, qui font penser à ceux de Mr Beast, le youtubeur le plus suivi au monde.

C’est avec une de ses vidéos que Fidias Panayiotou connait sa première controverse. Elle le montre en train de frauder et de prendre le métro de Bangalore sans payer. La ville menace de porter plainte contre lui en septembre 2023. Quelques semaines plus tard, il recommence, cette fois au Japon : il tente de réaliser une vidéo dans laquelle il voyage gratuitement à travers le pays, et fraude de nouveau dans plusieurs transports en commun. Il est finalement arrêté par un contrôleur de train, mais filme sa fuite — il s’enregistre également en train de faire la manche, et de se faire passer pour le client d’un hôtel afin d’accéder gratuitement au buffet de l’établissement.

Les vidéos sur la chaîne YouTube de Fidias // Source : Capture d'écran Numerama
Les vidéos sur la chaîne YouTube de Fidias // Source : Capture d’écran Numerama

Les deux vidéos font scandale. Fidias est obligé de présenter ses excuses dans une autre vidéo — qui a depuis été mise hors ligne. Les autres vidéos ont depuis également été supprimées par YouTube, qui a estimé qu’elles ne respectaient pas son règlement.

Fidias a annoncé son intention de se présenter aux élections européennes en avril 2024, par le biais d’une vidéo dans laquelle il apparaissait vêtu de « trois cravates, d’une veste… et d’un short », racontait le journal grec Proto Thema au début du mois de juin. Son but était de « motiver les jeunes à aller voter », et il avait annoncé de ne pas véritablement souhaiter se faire élire. Il avait d’ailleurs avoué lui-même qu’il n’avait jamais voté et qu’il ne connaissait rien au fonctionnement de l’Union européenne.

Malgré son positionnement, le youtubeur fait partie des 6 eurodéputés élus pour le pays, et arrive en 3e position, en récoltant 19,36 % des voix, devant certains partis traditionnels. Il n’a pas réellement de programme revendiqué.

Alvise Pérez, le youtubeur d’extrême droite espagnol

Alvise Pérez a un profil très différent. Il ne compte « que » 304 000 abonnés sur YouTube, mais près de 800 000 sur Instagram et 480 000 sur la messagerie Telegram — et Alvise Pérez est l’une des voix montantes de l’extrême droite espagnole.

Celui qui est décrit par la presse ibérique comme un « agitateur » vient pourtant des partis politiques traditionnels. Il a ainsi été pendant un temps membre de Unión, Progreso y Democracia, un parti centriste et social-libéral, qui luttait contre le nationalisme catalan et était proeuropéen. Il a plus tard rejoint Ciudadanos, de centre droit, et travaillé en tant que chef de cabinet d’un élu local du parti.

Alvise Pérez // Source : YouTube / Alvise Pérez
Alvise Pérez. // Source : YouTube / Alvise Pérez

C’est lors de la pandémie de Covid-19 qu’il commence à tenir un discours beaucoup plus radical et se met à relayer des fake news sur son compte Twitter (le réseau social a depuis été renommé X). Il organise également des manifestations contre les décisions du gouvernement concernant les mesures sanitaires, comparant le chef du gouvernement espagnol à Big Brother, et s’insurgeant contre les vaccins.

En plus de tenir un discours radical sur ces thématiques, il s’oppose fermement au mouvement féministe. En mai 2023, il fait ainsi partie d’un groupe de manifestants participants à une prière collective devant une clinique pratiquant l’avortement. Il donne par ailleurs la parole à Luis Rubiales, l’entraineur de l’équipe féminine espagnole de football, accusé d’agression sexuelle après avoir embrassé une des joueuses.

Attaqué en justice par plusieurs personnalités, Alvise Pérez avait fait de son immunité parlementaire l’un des piliers de son programme électoral. Après avoir annoncé la création d’une liste, nommée Se Acabó La Fiesta ( « la fête est finie » ), il avait annoncé qu’il ferait gagner son salaire d’eurodéputé à des fans tous les mois. Il souhaite également organiser un référendum sur une sortie de l’Espagne de l’Union européenne. Élu avec près de 800 000 voix, Alvise Pérez va même devoir trouver 2 autres personnes prêtes à accepter le rôle d’eurodéputé à ses côtés, Se Acabó La Fiesta ayant remporté 3 sièges.

Découvrez les bonus

+ rapide, + pratique, + exclusif

Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l'I.A, contenus exclusifs et plus encore.

Découvrez les nombreux avantages de Numerama+.

S'abonner à Numerama+

Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci

Il y a une bonne raison de ne pas s'abonner à

Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.

Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :

  • 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
  • 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
  • 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.

Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.

S'abonner à Numerama+

Marre des réseaux sociaux ? Rejoignez-nous sur WhatsApp !