Une marée brune. C’est l’effet saisissant que provoque la carte du site du Monde, réalisée au soir du 9 juin 2024. La France y est entièrement recouverte de petits points marrons : chacun représente une commune au sein de laquelle les habitants ont majoritairement voté pour l’extrême droite aux élections européennes.
Le premier quotidien de France est le seul à avoir choisi cette couleur pour représenter le parti Rassemblement national, anciennement Front national — les autres sites d’information ont préféré un bleu foncé ou un violet.
Derrière cette impression d’homogénéité, il y a des chiffres plus nuancés : le RN est arrivé très haut, avec 31,5 % des suffrages exprimés, contre 14,6 % pour le parti de la majorité et 13,8 % pour le PS. Mais comme les grandes villes sont plus peuplées, et votent traditionnellement plus à gauche que le reste du territoire, elles se retrouvent invisibilisées sur ce type de cartes.
« Ce ne sont pas les hectares qui votent, c’est la population »
C’est là que Karim Douïeb entre en jeu. Karim Douïeb est un data-journaliste habitué des cartes. Il a publié le 12 juin sur Twitter une autre version de la carte du Monde, qui permet de mieux rendre compte de la proportion d’électeurs et électrices RN par rapport aux autres. « Les gens votent, pas les territoires ! » est devenu une phrase connue en politique américaine. Jules Grandin, journaliste cartographe, le traduit aussi en « Ce ne sont pas les hectares qui votent, c’est la population ».
On observe que la carte de France reste très majoritairement marron : c’est normal, vu combien le Rassemblement national a eu du succès lors de ces élections du 9 juin. Elle permet néanmoins de mieux se rendre compte du nombre de votants pour chaque parti, en fonction de la taille du territoire. Par exemple, il est trompeur de mettre sur le même plan une zone de 105 km carrés de superficie très peuplée (comme Paris et ses 2,1 millions d’habitants) et une très dépeuplée (comme la commune de Meyrueis en Lozère, et ses 704 habitants répartis sur 104 km carrés).
En 2019, Karim Douieb avait engrangé beaucoup d’attention avec un projet similaire : il avait montré que derrière la « vague rouge » des électeurs et électrices trumpistes aux États-Unis se cachait surtout une surreprésentation des territoires. Les grandes villes, qui votent souvent à gauche (en bleu sur la carte), comptent de nombreux électeurs et électrices, mais comme la superficie d’habitation est très petite, cela ne ressort pas sur les cartes classiques.
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