Le compte Twitter de Donald Trump lui a déjà valu de nombreux reproches et moqueries. Le candidat républicain s’illustre sur le réseau social par des phrases souvent insensées, largement absurdes et parfois grossières. C’est ce qui a lui a valu la création de nombreux bots le parodiant, et même un message désormais culte de son adversaire, le fameux « supprime ton compte » d’Hillary Clinton.
Après la création d’IA et de bots dont le défi fût de mimer le style très particulier du candidat — mention spéciale au DeepDrumpf, il fallait bien qu’un bot aille affronter quelques uns des soutiens du candidat sur le réseau social. Partant du principe que Donald Trump tweete plus compulsivement que Tay, il était logique que l’on trouve parmi ses soutiens des ingénus du web capables de prendre un bot codé à l’arrache pour une réelle personne ayant des vrais arguments et souhaitant effectivement discuter avec eux.
Les dialogues insensés entre @AssBott et les supporters de Donald Trump sont aussi tordants qu’inquiétants concernant la crédulité de certains citoyens américains sur les réseaux sociaux. Nous nous garderons toutefois de juger la crédulité des Américains au vu de ce qui peut aussi se produire sur le Twitter français…
Delete your account Mr. President
@AssBott n’est pas n’importe quel bot Twitter. Comme l’a remarqué The Daily Beast le robot qui tweete tout seul est devenu un des comptes éveillant le plus de velléités de la part des soutiens de Trump.
Jusqu’à récemment, le bot programmé en Ruby et animé depuis la plateforme de cloud Heroku ne faisait que tweeter sur le baseball et le sport. Son maître a toutefois eu l’idée de coder une fonctionnalité pour asséner systématiquement à Donald Trump (@realDonalTrump) de Delete your account, en clin d’œil à la réponse cinglante de la candidate du camp démocrate.
Le robot @assbott aurait réussi à maintenir pendant plus de 12 heures une discussion avec un internaute
Or par sa nature automatisée, le bot est toujours le premier à répondre aux tweets du candidat républicain, l’exposant ainsi sur le réseau social à être vu par les followers de Trump, donc par certains de ses soutiens. Et c’est grâce à cela que la crédulité de ces derniers s’est révélée au grand jour. En effet, Trump possède sur Twitter une armée de citoyens américains têtus et trollesques souhaitant à tout prix fermer le clapet de ses contradicteurs, puisqu’il s’agit après tout de « make America great again ». Ainsi les delete your account automatisés provoquent toujours des réactions, parfois stupéfiantes.
Le compte appartiendrait selon le quotidien à @Nasboat, un internaute du Kentucky se nommant Forest, qui nie toutefois être le créateur du bot. « Le bot n’est qu’un générateur aléatoire de mes propres tweets. @AwfulJack est celui qui a lancé le compte, et je suis complètement ignorant quant aux détails techniques. Il y a eu quelques autres bots réalisés à partir d’utilisateurs que nous connaissons et suivons, et j’ai pensé que c’était un concept assez drôle donc j’en ai voulu un pour moi. J’ai envoyé à @AwfulJack une archive de mon compte et il l’a utilisée pour faire fonctionner mon bot ».
En somme, le bot ne ferait que reprendre aléatoirement des fragments de tweets du compte original, @Nasboat, pour les publier de manière aussi systématique que cryptique.
Tweetclash de sourds
Au delà de son delete your account, le bot reste un bot et continue donc de répondre avec des tweets générés aléatoirement à partir du compte de son possesseur, dès qu’il est mentionné. Et au vu de son nombre de tweets en à peine un an (37 900), les discussions avec le bot sont plutôt longues. @Nasboat a confié qu’avant que le bot devienne un phénomène politique, le compte générait moins de tweetclashs mais que @assbott aurait tout de même réussi à maintenir pendant plus de 12 heures une discussion avec un internaute, alors même que celle ci n’avait aucun sens.
Dès lors, @Nasboat confie que ces dialogues de sourds lui ont fait comprendre que tout était possible face à la naïveté sur Twitter : « Une fois John Popper, des Blues Traveler, s’est engueulé avec toute la nuit, et ça s’est produit dès les six premiers mois du compte. Là j’ai compris que tout était possible ».
Le plus ahurissant dans l’affaire @Assbott est de voir les internautes littéralement perdre le contrôle d’eux-mêmes et de leur vocabulaire face à un bot incapable de ne pas sortir un tweet complètement hors propos. Mais curieusement, cela ne semble gêner aucun des ses contradicteurs.
@Assbott, s’il était un humain, serait soit un demeuré, soit un troll, mais en aucun cas une personne capable d’argumenter et de défendre un avis étayé. Ce qui inéluctablement nous conduit à nous interroger sur la nature de ses interlocuteurs. Sont-ils eux-mêmes des bots ou simplement des demeurés ? « J’ai appris à ne jamais sous-estimer le manque de prudence des gens en ligne, en particulier sur Twitter. De plus, le bot a une forte tendance à devenir incendiaire et absurde, ce qui je pense, parle très clairement aux personnes pouvant soutenir Trump ».
Peut-être que finalement @Nasboat a aussi bien saisi l’électorat Trump que Donald J. lui même.
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