Depuis ce week-end, il est devenu passablement compliqué de surfer tranquillement sur Internet en Algérie. Les autorités du pays ont en effet décidé de couper l’accès à certains réseaux sociaux — Facebook, Twitter et Instagram — afin d’empêcher que les candidats au baccalauréat puissent consulter les sujets d’examen si jamais ces derniers fuitent avant l’heure sur la toile.
Démarrées samedi 18 juin à 20 heures, ces restrictions se poursuivront jusqu’au jeudi 23 juin, date à laquelle les épreuves prendront fin, fait savoir le site Tout sur l’Algérie. Selon ses informations, il s’agit d’une mesure destinée à « protéger les candidats au bac partiel qui commence demain contre les faux sujets », qui risqueraient de perturber la bonne tenue de l’examen et de troubler la concentration des lycéens.
En réalité, il apparaît que cette décision vise surtout à éviter que les incidents survenus au début du mois de juin ne se reproduisent. Le site Algérie Presse Service rappelle que le bac a eu lieu du 29 mai au 2 juin mais que la session 2016 a été entachée par des fuites avant le jour J. Dans cette affaire, 31 personnes sont suspectées d’avoir eu un rôle actif, dont des membres de l’éducation nationale.
À la suite de cet incident, le gouvernement a décidé de refaire passer l’examen à plus de la moitié des candidats, soit environ 550 000 jeunes selon Geopolis. Ce sont des sujets issus des filières scientifiques, mathématiques et gestion qui ont été publiées sur Facebook avant les épreuves, fait savoir Le Monde. Selon le site Internet World Stats, il y avait en 2015 plus de 11 millions d’internautes en Algérie, soit un peu moins de trois Algériens sur dix.
Des répercussions ailleurs
Le blocage temporaire des réseaux sociaux les plus fréquentés en Algérie n’est pas sans conséquence. Outre le fait que la censure pénalise aussi les internautes qui ne passent pas le bac, et qui aimeraient bien pouvoir naviguer sans souci, elle a aussi des effets néfastes sur l’accès à d’autres sites, selon des témoignages rassemblés et synthétisés par nos confrères.
« La difficulté d’accéder à Internet avait notamment concerné les réseaux sociaux, Facebook et Twitter étant les plus consultés en Algérie. Néanmoins, elle s’est poursuivie dimanche pour s’élargir à toutes les prestations du service Internet, pénalisant des milliers d’usagers», écrivent-ils. Interrogée à ce sujet, l’autorité de régulation de la poste et des télécommunications, qui contribue au blocage, n’a pas souhaité faire de commentaires.
Pas une première
Si la décision prise par l’Algérie de couper provisoirement l’accès à certains sites web au nom de la bonne tenue des épreuves du baccalauréat est une première dans le pays, ce n’est pas le cas au niveau mondial. Cette année, l’Irak a procédé de la même façon pour empêcher que les réponses aux examens d’entrée au collège ne se retrouvent sur le web et, le cas échéant, qu’elles puissent être consultées par les élèves.
Ailleurs dans le monde, l’Ouzbékistan a aussi coupé toutes les connexions Internet ainsi que les SMS sur la totalité de son territoire il y a deux ans, afin de préserver l’intégrité des examens d’entrée à l’université. En Inde, des comptes-rendus ont fait état d’une coupure de six heures, toujours pour limiter la triche scolaire. Dans un autre style, la Corée du Sud ne bloque pas Internet, mais carrément tout le pays pendant une heure.
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