Le Point a publié mercredi un reportage réalisé auprès de l’Hadopi au mois d’octobre, le jour où son secrétaire général répondait aux questions des internautes sur le site du journal Le Monde. Lui, et trois collaborateurs qui l’accompagnaient.

Mardi, après la publication d’articles dans Le Figaro et d’une tribune dans Le Monde, nous parlions d’ « étrange plan média organisé au milieu des fêtes par la Haute Autorité pour la protection des œuvres sur Internet (Hadopi)« . Celui-ci se poursuit mercredi, avec la parution plus curieuse encore d’un reportage réalisé au mois d’octobre par Le Point, mais qui paraît seulement aujourd’hui sur le site internet de l’hebdomadaire. Pourquoi un tel délai ? Le magazine nous assure qu’il n’y pas eu d’embargo imposé par l’autorité.

Pour les besoins du reportage, axé sur le côté humain de l’administration, l’Hadopi a ouvert ses portes pendant toute une journée au journaliste du Point, qui dresse un portrait parfois acerbe de la Haute Autorité, mais globalement compatissant. « Que l’on soit favorable ou opposé au gendarme du téléchargement illégal, il faut reconnaître que ses employés y font un travail difficile« , conclut d’ailleurs l’article. Eric Walter, le secrétaire général de l’Hadopi, confie même l’impact douloureux de son poste sur sa vie personnelle. « Il y a énormément de travail, et donc peu de place pour la vie personnelle, pour passer du temps avec ma compagne« , lâche-t-il dans un taxi qui le ramène rue du Texel.

Mais le passage le plus intéressant est celui qui relate un tchat organisé ce jour-là par le Monde, officiellement avec le seul Eric Walter :

Arrivé dans les locaux du Monde, la petite équipe fait son effet. Le secrétaire général est en effet accompagné de sa directrice juridique, de son directeur des systèmes d’information (DSI, l’expert informatique) et de sa directrice de la communication. Les journalistes du Monde.fr n’ont pas l’habitude d’une telle agitation. L’un d’entre eux nous confie que « quatre personnes autour de l’écran, on ne fait jamais ça, même pour les ministres ».
(…)
Un internaute s’interroge : « Si je reçois un premier avertissement par e-mail, que dois-je faire ? ». « Si c’est le premier, il n’a rien à faire ? » demande Éric Walter à ses conseillers, en commençant à taper au clavier. « Si, si, fais un suppr, il peut nous contacter pour demander des précisions », répond la directrice juridique, en se saisissant de son code de la propriété intellectuelle.

S’il y a tant de précautions prises par l’Hadopi dans ses réponses, c’est qu’elle se sait observée à la loupe. « C’est peut-être la caractéristique principale de l’Hadopi : tout y est compliqué. La matière, à la fois hautement technologique et juridique, est déjà difficile à traiter pour les employés. Mais en plus, avec les yeux des caméras et des citoyens braqués sans interruption sur eux, ils n’ont pas droit à l’erreur« , résume Le Poiint.

Mais ce plan média, qui vise à humaniser l’Hadopi, ou à dénoncer de manière inadmissible une certaine mauvaise foi du public à son encontre, ne doit pas faire oublier l’essentiel. Le fait que la riposte graduée se fait de manière quasi-automatisée non probante, sans contrôle, et qu’elle vise à inciter les internautes à installer des logiciels de filtrage dont le label de sécurité sera accordé selon une procédure au rabais.

Autant d’arguments qui, paraît-il, nous ont valu d’être traités par la présidente de l’Hadopi d' »hystériques d’internet » lors d’un colloque organisé en Belgique à la mi-décembre.

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