Durant ces législatives anticipées de 2024, les prises de position politiques des influenceurs et influenceuses étaient particulièrement observées. Au centre de l’attention, le refus de Tibo InShape, premier influenceur de France, de se prononcer contre l’extrême droite. Jusqu’à ce qu’il en dise plus sur son vote, après les résultats.

Il aura suffi d’un tweet pour générer plusieurs articles de presse. Oui, le rôle des influenceurs — et parmi eux, les youtubeurs — dans le débat politique s’est transformé en véritable sujet, durant ces élections législatives 2024. Deux approches se sont formées : celle des influenceurs souhaitant s’exprimer contre l’extrême droite, comme Squeezie ou Mister V ; et celle de ceux qui sont restés silencieux.

Parmi les silencieux, on retrouve Tibo InShape : le youtubeur avait expliqué sa position en estimant que le vote est, selon lui, un « droit et un devoir libre, personnel et anonyme ». Cette position avait généré de nombreuses spéculations et notamment celle qui affirmait que l’influenceur voterait pour le parti d’extrême droite, le Rassemblement national. Un soupçon qui était alimenté par les polémiques entourant ses positions et son contenu.

Dans une interview pour Brut étonnamment cash, il avait par ailleurs brouillé les pistes en déclarant être « plus de droite oui (…) mais humain avant tout ! Humaniste, je n’irai pas jusque-là ». Si cela avait alimenté les hypothèses, il ne disait rien, alors, de la nature exacte de son vote.

« Maintenant, je peux vous le dire »

Dans une publication du dimanche 7 juillet au soir, peu après les résultats du second tour des législatives anticipées, il a publié un tweet dans lequel il livre le contenu de son vote. Et semble presque s’amuser, au préalable, de la séquence médiatique qui a entouré son choix : « Vous êtes trop persuadés de savoir pour qui je vote. Mais pas besoin de pleurer », commence-t-il, « je vote • Ensemble • 😌🇫🇷 Maintenant, je peux vous le dire sans vous influencer, les élections sont terminées. En revanche, je ne me permettrais jamais de vous juger. Vous êtes libres et responsables de vos votes. Excellente soirée. »

Source : Capture d'écran X
Source : Capture d’écran X

La formation politique « Ensemble » est celle du chef d’État, Emmanuel Macron (arrivée en deuxième position au second tour des législatives anticipées de 2024, derrière le Nouveau Front Populaire). La réponse la plus populaire à son tweet est une image extraite de sa vidéo réalisée en partenariat avec le gouvernement — sur le SNU en « feat » avec Gabriel Attal (à l’époque où il était ministre de l’Éducation nationale).

Source : Capture d'écran X
Source : Capture d’écran X

La « révélation » de ce positionnement politique de la part de l’influenceur fitness n’a eu aucun effet notable sur son nombre d’abonnés. Sur YouTube, le compte reste fixé à 21 millions d’abonnés selon les plateformes de suivi statistique comme SocialCounts, cap qu’il avait franchi il y a quelques jours, sans baisse significative dans la dynamique. Idem sur les réseaux sociaux : aucun effet véritablement remarquable.

Lors de sa prise de position contre l’extrême droite, Squeezie n’avait perdu que 100 000 abonnés sur YouTube, pas grand-chose à l’échelle des plus de 18 millions d’abonnés (18,9) ; et, inversement, il en avait même gagné sur les réseaux sociaux, à savoir là où il s’était donc exprimé.

Ce qui a changé, davantage que les nombres d’abonnés, c’est notre rapport politique aux influenceurs et aux influenceuses : par leur lien avec leur communauté, leur position est de plus en plus analysée, sur les réseaux sociaux et dans les médias. En choisissant de ne pas se prononcer, Tibo InShape a fait de sa position un sujet à part entière : ne pas appeler à faire barrage à l’extrême droite est déjà, en soi, très politique. Les réseaux sociaux, en particulier, ont horreur du vide, rapidement rempli par de l’interaction : l’absence de position génère autant, si ce n’est plus, d’engagement — de commentaires — qu’une position claire.

Dans ce sens, on a aussi vu émerger, courant 2024, un mouvement appelé « digitine », consistant à bloquer sur les réseaux sociaux des célébrités ne se prononçant pas sur des situations politiques alarmantes. Cette politisation des plateformes du numérique est paradoxalement accompagnée par la volonté de ces dites plateformes de réduire la suggestion algorithmique de contenus politiques.

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