Frédéric Mitterrand demande lui aussi que Wikileaks soit interdit d’hébergement en France. Ce qu’il explique par des arguments qui devraient se retourner contre Le Monde, si le ministre de la Culture avait le courage d’aller au bout de son raisonnement.

Le ministre de la Culture et de la Communication Frédéric Mitterrand a accordé une interview à RFI le 21 décembre 2010, repérée par PC Inpact. Entre autres choses, le ministre soutient la démarche de son collègue Eric Besson, qui a demandé l’interdiction de l’hébergement de Wikileaks en France. « Je suis partisan effectivement » de cette interdiction, parce que « les renseignements qui sont fournis par WikiLeaks ont été volés, ils ont été piratés en quelque sorte« , explique Mitterrand.

« Ensuite à partir du moment où on les transmet, on répond à la curiosité publique, qui est un désir légitime, mais ça relève aussi quand même d’une forme de complicité avec une activité qui, au premier plan en tout cas, a été délictueuse (…) Qu’est-ce que vous direz le jour où toute votre vie privée sera étalée sous prétexte qu’il faut transmettre toutes les informations ? Vous savez ce qui arrivera à l’arrivée ? C’est le mensonge qui va gagner« 

Très bien. C’est un point de vue qui peut se défendre, même lorsque l’on est ministre de la Communication et que l’on se doit en principe, comme tout ministre d’un gouvernement de la République Française soumis à la Constitution de la 5ème République, de défendre la liberté d’expression.

Mais c’est un raisonnement qu’il faut alors pousser jusqu’au bout.

Comme nous l’avions noté, Wikileaks n’a pas publié les câbles diplomatiques. A peine 1 % des 250 000 câbles qu’il possède ont été mis en ligne, et ce uniquement après l’accord des journaux qui sont ses partenaires. Parmi lesquels figure le prestigieux journal Le Monde, dans lequel l’ancien ministre des affaires étrangères Bernard Kouchner avait publié sa tribune appelant à défendre « un Internet universel, ouvert, fondé sur la liberté d’expression et d’association« , opposé à « ceux qui voudraient transformer Internet en une multiplicité d’espaces fermés et verrouillés« .

En quoi, M. Mitterrand, Wikileaks mérite-t-il davantage d’être interdit d’hébergement sur le territoire français que Le Monde ? Le journal ne s’est-il pas prêté lui aussi à une « forme de complicité avec une activité qui, au premier plan en tout cas, a été délictueuse » ?

Evidemment, aucun responsable politique n’oserait demander la censure du Monde. En revanche lorsqu’il s’agit de Wikieaks… ensemble, tout devient possible.

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