Mardi, nous avions rapporté la suppression par YouTube d’une vidéo tournée dans un hôpital de Tunisie, qui témoigne avec des images insoutenables de la violence de la répression des émeutes par le régime de Ben Ali. Des principaux sites de partage de vidéos, la filiale de Google avait été le seul à décider sa censure, en se reposant sur ses conditions générales qui prohibent les « vidéos choquantes d’accidents, de cadavres ou autres choses de ce genre« .
En temps ordinaire, dans une démocratie saine, ces images auraient pu être tournées par des journalistes, et remontées pour les exploiter dans les journaux télévisés. Mais les journalistes ne pouvant faire librement leur travail en Tunisie, ce sont des amateurs qui ont tourné les images, et qui ont souhaité les diffuser sans censure sur les sites de partage de vidéos. Pour qu’elles soient reprises par les rédactions du monde entier, mais aussi pour apporter un témoignage cru de la situation locale. En supprimant ces images, YouTube avait porté atteinte au devoir d’information dont se sent investie une partie de la population tunisienne.
Devant le tollé, YouTube a décidé de faire une exception, et d’en autoriser le visionnage pour les membres inscrits de plus de 18 ans uniquement. Une solution sage, qui était celle choisie depuis le début par Dailymotion. « De manière générale, les contenus violents ne sont pas autorisés sur YouTube. Cependant, nous faisons quelques exceptions pour les contenus éducatifs, documentaires, scientifiques ou artistiques« , nous expliquait mardi soir une porte-parole de YouTube en France.
« Lorsque nous déterminons quels contenus sont autorisés sur YouTube, nous ne nous intéressons pas seulement aux vidéos elles-mêmes, mais aussi aux éléments de contexte fournis par celui qui les a mis en ligne, tels que le titre, la description ou les tags liés à la vidéo« , ajoute-t-elle. En l’espèce, la vidéo avait bien été rattachée aux évènements de Sidi Bouzid, et elle avait été datée du 10 janvier.
Pour expliquer son retrait, YouTube reconnaît qu’il « arrive parfois qu’une vidéo signalée par nos utilisateurs ou identifiée par notre équipe soit retirée de YouTube par erreur« , puis remise en ligne lorsque le site est averti du retrait abusif. Mais en l’espèce la filiale de Google aura mis beaucoup de temps à réagir. Elle avait même, dans un premier temps, défendu sa position.
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