Spécialiste de la surveillance et de la lutte contre le piratage sur Internet, la société MarkMonitor s’est vue commander une étude « indépendante » (rires) par la Chambre du Commerce des Etats-Unis, un lobby privé dont sont membres un grand nombre d’entreprises américaines. L’étude portait sur le poids des sites de piratage et de vente de biens contrefaits à travers le monde.
En recherchant les œuvres de 10 producteurs de contenus, MarkMonitor a repéré 43 sites de « piratage numérique », qui hébergent au moins une œuvre dont le téléchargement ou le streaming est gratuit. Elle a alors relevé leur trafic tel qu’il apparaît sur Alexa, et conclut que ces sites généraient 146 millions de visites par jour, ou 53 milliards par an.
Sur cet ensemble, les trois plus gros sites de téléchargement direct ou de streaming (RapidShare, MegaUpload et MegaVideo) représenteraient 21 milliards de visites par an, sans qu’il soit possible d’en conclure un nombre de téléchargements ou de visionnages, ni-même de savoir quelle part représente les fichiers piratés par rapport aux fichiers qu’ils proposent en toute légalité. Mais le commanditaire saute sur l’occasion pour précipiter les conclusions sans se poser de questions.
« Nous savons depuis longtemps que des sites voyous, ceux qui se consacrent au piratage et à la contrefaçon, fleurissent à nos dépens. Maintenant nous commençons à voir l’étendue stupéfiante de ce problème« , feint de s’étonner Steve Tepp, le responsable de la lutte contre le piratage au sein de la Chambre du Commerce des Etats-Unis. « Et l’étude de Markmonitor n’est que le partie émergée de l’iceberg« , renchérit-il. « Les conclusions de l’étude mettent en évidence l’urgence de s’ataquer à cette épidémie pour protéger les consommateurs, permettre au marché légitime de se développer sur Internet, et créer des emplois en Amérique« .
Par la méthode du doigt mouillée déjà employée par d’autres au profit de la Chambre du Commerce Internationale, MarkMonitor estime que le piratage et la vente de biens contrefaits coûte 200 milliards de dollars par an.
Consciente que le P2P est en baisse au profit d’autres pratiques à l’encontre desquelles elle ne peut pas agir, l’Hadopi devrait publier lors d’une MIDEM (du 23 au 26 janvier 2011) une première étude sur l’évolution des pratiques. Le risque, rapidement, est de voir ayants droit et autorités publiques s’associer pour exiger des FAI un filtrage, sur le modèle des sites pédopornographiques. Un scénario dont l’Hadopi se défend vigoureusement. Elle a même précisé mercredi matin qu’elle refuserait toute solution de sécurisation placée au coeur du réseau, sans contrôle de l’utilisateur.
Dans un article publié mardi par 01Net, la Société civile des producteurs de phonogrammes (SPPF) indique qu’elle a « placé sous surveillance les principaux sites de direct download depuis le premier semestre 2010« . Avec l’aide de la société LeakID, elle contacte les sites pour obtenir le retrait des liens délictueux. « Sur les albums placés sous surveillance en 2010, nous obtenons un résultat positif dans 95 % des cas« , assure la société de gestion. Mais c’est vouloir vider la mer avec une bassine, puisqu’aussitôt supprimés, les fichiers sont ré-uploadés par les utilisateurs de sites d’indexation de mieux en mieux organisés.
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