Le sondage révélé dimanche par l’Hadopi montre que contrairement à ce qui a beaucoup été répété ces derniers mois, l’absence d’effet de la riposte graduée sur les pratiques des internautes n’est pas dû à un manque de notoriété ou de pédagogie, qui peut s’améliorer dans le temps. De toutes les grandes autorités administratives ayant compétence sur Internet, l’Hadopi est déjà la plus connue. 68 % des internautes disent la connaître, dont 70 % pour les internautes qui reconnaissent télécharger illégalement, ce qui la place devant le CSA et la CNIL.
Même si l’on a beaucoup critiqué sa couverture de l’Hadopi, souvent biaisée, la télévision est le premier vecteur à avoir fait connaître l’Hadopi (61 %), très loin devant Internet (30 %). Preuve que même le grand-public la connaît bien. Mais seulement 22 % des internautes sondés se sentent concernés par la Haute Autorité, et près de la moitié en conteste la légitimité, l’adéquation à l’évolution technologique, voire la légalité. Ils sont ainsi 51 % à trouver qu’elle « ne sert que les intérêts particuliers de certains« , 43 % à penser qu’elle ‘n’aura pas de véritables effets sur la consommation illégale d’œuvres culturelles« , et 41 % à juger qu’elle « porte atteinte aux libertés individuelles« .
La légitimité de l’Hadopi est d’autant moins reconnue que l’étude prouve que ceux qui téléchargent illégalement sont aussi ceux qui achètent le plus. Leur panier mensuel moyen est de 30 euros, contre 27 euros pour la moyenne des internautes :
En principe, les e-mails et courriers recommandés de l’Hadopi doivent servir à rappeler aux internautes qu’ils ont l’obligation de sécuriser leur accès à Internet. Mais ils sont déjà 73 % à déclarer avoir conscience qu’il faut « protéger votre accès à Internet afin d’éviter que cet accès ne soit utilisé à des fins malveillantes« . Ceux qui téléchargent illégalement sont même plus nombreux que les autres à sécuriser leur connexion WiFi. De même, les jeunes de moins de 24 ans, qui sont les premiers pirates, sont aussi ceux qui déclarent le plus avoir une clé chiffrée pour sécuriser leur Wifi (41 % contre 33 % en moyenne).
Les pare-feu chers à Christine Albanel sont plus répandus chez les pirates (72 % contre 67 %), comme les anti-spyware, ce qui n’est cependant pas le cas des anti-virus, anti-spam et logiciels de contrôle parental. Mais les chiffres sont toujours relativement proches. Ce qui montre que piratage et sécurisation ne sont pas liés.
L’efficacité de la riposte graduée peut d’autant plus être mise en doute que seuls 25 % des internautes utilisent des logiciels de P2P, les seuls qui peuvent donner lieu à avertissements par l’Hadopi. Mais les sites de streaming restent largement préférés par les 15-24 ans (76 %), tout comme le téléchargement direct (44 %), qui sont à l’abri de la riposte graduée.
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