Encore une fois, la Turquie est confrontée à l’horreur du terrorisme. Le pays vient de subir un attentat-suicide survenu mardi soir à l’aéroport Atatürk d’Istanbul qui a fait plus de trente morts, selon un premier décompte macabre. Alors que les secours tentent de venir en aide aux très nombreux blessés, tous les regards se tournent vers l’État islamique, qui est soupçonné d’être à l’origine de l’attaque.
C’est dans ces circonstances affreuses que Facebook a pris la décision d’activer sa fonctionnalité « Safety Check », qui permet à ses membres se trouvant non loin d’un drame de signaler à leurs proches qu’ils sont en sécurité. Au départ destiné aux catastrophes naturelles, l’outil a vu son champ d’action étendu aux attentats. On l’a ainsi vu en action à Paris, à Bruxelles et au Nigeria.
Malheureusement, l’usage du « Safety Check » en Turquie est en train d’être contrarié par le pouvoir turc, puisque celui-ci a pris la décision de bloquer provisoirement les principaux réseaux sociaux (Facebook, Twitter et Instagram) afin de limiter la diffusion des images de l’attentat. Ce n’est pas la première fois que le gouvernement opte pour la censure après une action terroriste.
Sauf que c’est totalement contre-productif. Outre le fait que les moyens mis en œuvre au regard des buts poursuivis sont complètement disproportionnés, comme l’a souligné la cour européenne des droits de l’homme lorsqu’elle a condamnée la Turquie fin 2015 dans une affaire concernant YouTube, c’est aussi nuisible pour les Turcs et les touristes qui aimeraient utiliser le site pour donner rapidement de leurs nouvelles.
Une mesure contre-productive
Pour beaucoup d’internautes, c’est devenu un réflexe d’aller sur Facebook pour rassurer ses proches, qui pourront ensuite à leur tour informer le reste de la famille et des amis qui ne se trouverait pas sur le service américain. On l’a vu avec les attaques survenues à Paris et à Bruxelles, lorsque l’utilisation du « Safety Check » s’est répandue rapidement à mesure que les notifications apparaissaient dans le fil d’actualité.
Selon les informations que nous avons pu recueillir auprès de Turcs vivant dans le pays, il était possible de se servir du « Safety Check » pendant un petit moment avant que celui-ci ne soit plus accessible à cause du blocage. En tout cas, en passant par un accès normal, c’est-à-dire sans mettre en œuvre un VPN. Aujourd’hui, selon des témoignages que nous avons recueillis, l’option n’est plus utilisable depuis la Turquie.
Selon Vocativ, la décision gouvernementale a été émise moins d’une heure après l’attaque contre l’aéroport, qui a eu lieu à 22 heures en Turquie (21 heures en France). On imagine qu’il y a pu s’écouler un certain délai entre l’émission de l’ordre et le moment de sa mise en œuvre effective par les opérateurs de téléphonie mobile et les fournisseurs d’accès à Internet.
Manifestement, Facebook a enclenché le « Safety Check » plus vite que d’habitude, alors que normalement le site attend quelques heures, pour être sûr que ce n’est pas une vague d’attentats et que des gens indiquant être en sécurité ne soient tués 10 minutes plus tard. C’est ce qu’expliquait Le Monde en décryptant la manière dont l’option avait été activé après les attaques du 13 novembre 2015.
« Facebook a finalement mis environ trois heures pour déclencher le Safety Check, un délai qui a pu paraître long à certains internautes, mais qui peut s’expliquer par les contraintes liées au lancement d’un tel système […]. Dès les premières informations diffusées sur un tel drame, l’entreprise doit d’abord évaluer la situation, son ampleur et sa gravité, a-t-il expliqué, afin de s’assurer que le Safety Check serait réellement utile ».
Ne pas déclencher le Safety Check trop tôt, pour éviter que des personnes se disant en sécurité ne soient touchées par un attentat rapproché
« Une fois que cela est décidé, reste encore à savoir quand, exactement, activer le dispositif : pas trop tard, bien entendu, mais pas trop tôt non plus… Par crainte de nouvelles attaques. Bruxelles comme Paris ont chacune été touchées par plusieurs attentats rapprochés, et si le Safety Check avait été déclenché trop tôt, certaines personnes auraient pu l’utiliser pour rassurer leurs proches et, malheureusement, être touchées un peu plus tard ».
Que l’on apprécie ou non Facebook, force est de reconnaître que le site possède une plus grande force de frappe pour la communication sur un évènement (le gouvernement français l’avait d’ailleurs reconnu implicitement, en remerciant le géant américain). Dans ces conditions, les personnes qui ne sauraient pas que Facebook est bloqué en Turquie peuvent s’inquiéter de ne pas avoir de nouvelles rassurantes via le site communautaire. Car, rappelons-le, plus de 1,6 milliard d’internautes sont inscrits sur le site.
Contacté, Facebook n’a pas encore donné suite à nos sollicitations.
+ rapide, + pratique, + exclusif
Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l'I.A, contenus exclusifs et plus encore.
Découvrez les nombreux avantages de Numerama+.
Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci
Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.
Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :
- 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
- 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
- 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.
Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.
Abonnez-vous gratuitement à Artificielles, notre newsletter sur l’IA, conçue par des IA, vérifiée par Numerama !