Mais que pouvait bien faire Hillary Clinton à la BeautyCon de Los Angeles ? Loin de participer à une rencontre avec ses vidéastes préférés, la candidate à l’investiture démocrate était en réalité venue convaincre les stars de YouTube du bien fondé de son projet politique pour les États-Unis.
La BeautyCon est plus connue pour ses attroupements de jeunes en délire devant des guides de maquillage que pour ses meetings politiques. En fait, cette conférence est une sorte de réplique à la GetBeauty qui se déroule à Paris ; on est donc très loin de l’actualité politique. Et pourtant, Hillary Clinton a tout de même tenu à se présenter devant les jeunes créateurs américains pour parler immigration, économie et, inévitablement, de son principal adversaire : Donald Trump.
Conquérir les jeunes
C’est devant une centaine de personnalités issues de YouTube que la candidate démocrate a tenu son meeting pendant une heure. Dans le cadre d’un échange sous forme de questions / réponses, la discussion était à suivre sur Twitter avec le mot-clé #CreatorsAskHRC qui donnait la possibilité aux aficionados de ces vedettes 2.0 de participer. Car si Hillary Clinton ne s’adressait qu’à une poignée d’individus physiquement présents dans une salle, elle était en fait regardée par plus de 100 millions d’Américains.
Selon The Hollywood Reporter, les vidéastes en question représentent une audience cumulée de 320 millions d’abonnés (même si sur ce total, certains d’entre eux sont comptés à deux, trois ou quatre reprises car ils suivent plusieurs chaines). Il n’en demeure pas moins que les répercussions politiques et citoyennes d’un tel événement ne sont pas à sous-estimer au regard de l’immense réservoir à voix que cela représente.
Cela étant, il s’agit d’une première pour une campagne électorale. S’il arrive que ces vidéastes se mobilisent sur certains sujets de société, jamais auparavant un candidat n’avait été aussi explicite quant à sa volonté d’obtenir leur soutien — le fameux endorsement américain.
Pourtant, Hillary peinait il y encore quelques mois à rassembler les jeunes gens ultra-connectés (baptisés parfois « millennials »), qui se trouvaient bien plus enthousiastes à l’égard de la candidature de Bernie Sanders. Mais avec la disparition progressive de ses chances de l’emporter, les cartes sont rebattues. Désormais, l’ex-première dame doit prouver sa capacité à enrôler les plus jeunes électeurs dans sa campagne pour le poste suprême.
Un recours face au populisme ?
Pour la candidate démocrate, il ne fait aucun doute que l’opposition avec Donald Trump sera géographique, générationnelle et culturelle. En mobilisant la jeunesse branchée des États-Unis, Hillary Clinton espère que le vote des jeunes s’opposera vigoureusement dans les urnes à celui en faveur Donald Trump.
Cette stratégie reprend étrangement les éléments socio-politiques de la campagne britannique contre le Brexit, à ceci près que celle-ci n’a pas fonctionné pour changer le destin du Royaume-Uni.
Ainsi, lorsque la candidate déclare qu’elle a de la « compassion pour beaucoup de personnes attirées par le message de Trump, des personnes qui se sentent abandonnées et déclassées. Des personnes qui ont perdu leur foi en la politique et en la plupart des institutions et qui ne savent plus comment construire un avenir meilleur pour eux mêmes », elle reprend à son compte les analyses selon lesquelles le vote républicain est porté par la peur de l’avenir et le sentiment de déclassement des catégories populaires américaines.
« Le slogan Make America Great Again est un nom de code pour dire ‘Revenir en arrière vers un temps où de nombreuses personnes étaient exclues’ : les femmes étaient exclues, les afro-américains et les latinos étaient exclus, et encore de nombreuses autres personnes… Je n’ai aucune compassion pour la xénophobie, la misogynie, l’homophobie et l’islamophobie. Ni pour aucune des sortes de peur que Trump utilise afin de susciter de la ferveur chez ses soutiens », a-t-elle conclu.
Une façon pour Hillary Clinton de montrer à la jeunesse américaine en quoi Trump ne peut pas représenter leurs espoirs pour l’avenir, en déplaçant le débat politique avec son opposant sur un champ générationnel. Hillary Clinton confirme à cette occasion sa stratégie de diabolisation de son adversaire auprès de la jeune Amérique.
Enfin, pour ne déroger aux mœurs de sa nouvelle cible, la rencontre s’est gentiment terminée par un selfie. Sans surprise de ce côté-là.
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