Le lobby américain des armes à feu, la National Rifle Association (NRA), a demandé la fermeture d’un site parodique créé par les activistes de Yes Men. En réponse, 38 000 sites ont été désactivés.

Les Yes Men ont encore frappé. Habitué aux canulars parodiques mais réalistes qui permettent de dénoncer l’absurdité de différents lobbys financiers et industriels, le groupe d’activistes américains a publié la semaine dernière une fausse campagne publicitaire signée par la National Rifle Association (NRA), le puissant lobby américain des armes à feu. La publicité vante une offre promotionnelle qui permet d’offrir une arme à feu à un pauvre de banlieue, pour chaque arme vendue. Slogan : « Partager la sécurité ».

Dans ce cadre, les Yes Men ont aussi créé un faux site internet, ShareTheSafety.org, qui était attribué à la NRA.

https://youtu.be/_8punyPP-bs

Mais plutôt que d’accepter discrètement d’être ainsi moquée quelques jours, l’association qui défend la liberté d’acheter et de vendre des armes aux États-Unis a préféré risquer un effet Streisand. Elle s’en est remise au pouvoir de la censure, en espérant qu’empêcher l’accès au site internet éviterait que le message des Yes Men soit vu, et que le débat sur l’absurdité du discours « sécuritaire » de la NRA ne prenne de l’importance.

C’est ce qui s’appelle prendre un bazooka pour tuer une mouche

Ainsi Motherboard explique que le lobby a demandé la désactivation du site internet, probablement en s’appuyant sur une violation de la marque « National Rifle Association ». Cependant Internet est parfois un jeu de poupées russes. En l’espèce, ShareTheSafety.org était hébergé par Surge, qui loue lui-même ses infrastructures chez Digitalocean, et utilise les services de Cloudflare pour la distribution du contenu.

Pour obtenir la suppression du site parodique, la NRA a envoyé une mise en demeure à Cloudflare, lequel l’a relayé à DigitalOcean, lequel l’a relayé à Surge. Ce dernier aurait répondu dans les 22 minutes suivantes, mais visiblement trop tard. DigitalOcean a choisi de couper l’accès à tous les sites de Surge, soit environ 38 000 sites. C’est ce qui s’appelle prendre un bazooka pour tuer une mouche.

Il y a donc environ 37 999 sites qui sont aujourd’hui victimes d’une demande adressée à l’encontre d’un site site, dont l’illégalité est d’ailleurs incertaine, au vu du droit à la parodie reconnu par le droit des marques.

De son côté, DigitalOcean n’a pas réagi. Au moment où nous publions ces lignes, le site est inaccessible, en raison d’un « trop grand nombre de connexions ».

Découvrez les bonus

+ rapide, + pratique, + exclusif

Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l'I.A, contenus exclusifs et plus encore.

Découvrez les nombreux avantages de Numerama+.

S'abonner à Numerama+

Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci

Il y a une bonne raison de ne pas s'abonner à

Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.

Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :

  • 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
  • 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
  • 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.

Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.

S'abonner à Numerama+

Si vous avez aimé cet article, vous aimerez les suivants : ne les manquez pas en vous abonnant à Numerama sur Google News.