L’affaire des droits de diffusion de la Ligue 1 avec la plateforme DAZN a provoqué un émoi intense chez les fans de football. Et elle a relancé la question d’accéder aux matchs autrement, en dehors de l’offre légale. L’IPTV pirate pourrait ainsi connaitre un boom en 2024, mais la pratique est illicite et n’est pas sans risque.

Est-il encore possible de regarder la Ligue 1 de football sans taper dans ses économies ? Voilà certainement la question qui trotte dans la tête de bien des fans de foot. Depuis que DAZN, la plateforme de streaming britannique qui a récupéré les droits TV, a présenté ses prix, beaucoup s’y opposent et songent au piratage des matchs.

Qu’est-ce que l’IPTV (télévision IP) ?

En la matière, la stratégie la plus discutée pour contrer DAZN (outre les appels au boycott) est de passer par l’IPTV. Ce sigle signifie télévision IP ou télévision sur IP, IP désignant le protocole Internet (Internet Protocol). En somme, il s’agit de regarder la télé via un flux qui se transmet par Internet, au lieu d’employer une antenne satellite, par exemple.

L’IPTV n’est pas, en lui-même, illicite. Il existe des utilisations de l’IPTV tout à fait légales. Si vous regardez un service de vidéo à la demande (SVOD) sur le navigateur web, via un abonnement que vous payez, c’est licite. Idem si vous regardez la TV via Molotov ou via un service de direct ou de replay d’une chaîne de télé.

Il existe toutefois un autre versant de l’IPTV, bien plus sombre : celui du piratage des programmes audiovisuels. Tout un business a su se mettre en place au fil des années, avec des achats et des reventes d’accès à des chaînes françaises et étrangères, des plateformes de streaming, et ainsi de suite. Cela, à des prix bien plus attractifs.

Le logo de DAZN à côté de celui de la Ligue 1 et de Canal+. // Source : DAZN
L’évolution des conditions de diffusion de la Ligue 1 en France est susceptible de pousser des internautes vers l’IPTV pirate. // Source : DAZN

Quelle est l’ampleur de l’IPTV en France ?

Le phénomène en France est important et progresse. Dans son bilan 2023 sur la lutte contre le piratage de contenus sportifs et culturels, l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) écrit que « depuis 2020, l’audience des services IPTV illicites progresse graduellement. »

L’autorité, fruit de la fusion entre la Hadopi et le CSA, indiquait avoir mesuré 1,85 million de visiteurs uniques en 2023 sur le segment live streaming et IPTV. Une audience qui fluctue : l’Arcom relevait une baisse de 26 % entre 2021 et 2023, mais une remontée (+16 %) entre 2022 et 2023. Le suivi de la fréquentation de l’IPTV remonte à 2016.

L’Arcom relevait aussi que l’option de recourir à l’IPTV apparait comme une alternative quand un internaute fait face à un blocage d’un site pirate. Ce n’est pas le comportement majoritaire (selon l’Arcom, 47 % des internautes contrevenants confrontés à un blocage déclarent abandonner leurs pratiques), mais il existe sans être négligeable.

piratage
Le piratage n’est jamais loin lorsque l’offre légale n’est pas assez attractive. // Source : fotogragstockholm

Que risque-t-on en se servant d’un accès IPTV pirate ?

Sur le strict plan judiciaire, l’utilisation illégale de l’IPTV n’est pas sans risque. Pour un particulier qui s’adonne à cette pratique, cela relève entre autres du Code pénal et de son article 321-1. L’usage s’apparente à du recel de contrefaçon, qui est sanctionné au maximum par trois ans de prison et 375 000 euros d’amende.

Dans les faits, l’effort anti-piratage se focalise surtout à l’échelon supérieur, c’est-à-dire les réseaux qui mettent en place ces accès et les revendeurs. Les particuliers n’apparaissent pas être une priorité, aujourd’hui. S’il y a eu une condamnation en France d’un internaute qui a utilisé de l’IPTV, nous n’avons pas eu connaissance.

Cela ne signifie pas qu’il existe un totem d’immunité, comme le montre le Code pénal. Cependant, la stratégie met bien l’accent sur les diffuseurs. Dans son bilan, l’Arcom dénombrait 34 services IPTV en 2023. L’année 2024 n’est pas en reste, y compris à la veille de la reprise de la Ligue 1. Et il y a aussi les actions de police contre les réseaux eux-mêmes.

Source : Montage Numerama

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