Maire de Rambouillet, Gérard Larcher interdit aux membres de l’opposition municipale de créer dans leurs tribunes d’expression libre des liens hypertexte, y compris lorsqu’ils mènent vers le site du Sénat dont il est le Président.

Depuis une loi de 2002, l’opposition municipale a le droit de communiquer aux concitoyens ses points de vue dans le cadre de « tribunes libres », publiées dans le bulletin de la commune, et sur son site internet. Les services de la mairie n’ont aucun droit de regard sur leur contenu et ne peuvent s’opposer à leur publication, sauf en cas de diffamation ou d’injure caractérisée. Les modalités d’exercice du droit à la libre expression de la minorité municipale sont cependant déterminées par un règlement intérieur.

Se pose notamment la question de l’acceptation ou non des liens hypertextes, qui peuvent prolonger la tribune au delà de l’espace normalement accordé, et au delà des seuls textes écrits par l’opposition. Interrogé sur ce point par le député Manuel Aeschlimann (UMP), le secrétaire d’Etat aux collectivités territoriales Alain Marleix avait répondu (.pdf) l’an dernier à l’Assemblée Nationale que « sur le plan des principes, l’interdiction de ces liens ne se justifie pas dès lors que le texte établi par les élus minoritaires concernés ne dépasse pas la capacité qui leur est allouée« . Il ajoutait cependant qu’il « appartiendra au juge administratif de se prononcer sur la question de leur interdiction éventuelle, dans le cadre du droit en vigueur« , et qu’en fonction « de la position adoptée par le juge, il pourrait alors être envisagé de préciser le dispositif législatif’« .

A Rambouillet, dont le maire Gérard Larcher est aussi le président du Sénat, l’opposition municipale a tenté d’infléchir le règlement intérieur du Conseil municipal. Le 20 décembre 2010, M. Larcher a fait adopter une délibération qui précise que « pour ce qui est de la version électronique (du bulletin municipal), l’utilisation des liens hypertextes n’est pas permise ». La mairie justifiait cette mesure par le risque que « l’utilisation de ces liens pourrait dans certains cas favoriser l’accès à des propos interdits par la loi« .

En guise de compromis, l’opposition a présenté un amendement qui proposait d’autoriser exclusivement les liens « vers des sites institutionnels », comme ceux du Sénat, de l’Assemblée Nationale, de l’Elysée, du Conseil constitutionnel, du Conseil d’Etat, du gouvernement, etc. Aucun risque d’y trouver des « propos interdits par la loi ». Pourtant, l’amendement a été rejeté à la demande de Gérard Larcher.

Sauf à vouloir gêner les lecteurs des tribunes libres qui souhaiteraient vérifier et approfondir ce qui y est écrit, un tel rejet n’a aucun sens. Un recours en Préfecture a été déposé. A suivre…

Découvrez les bonus

+ rapide, + pratique, + exclusif

Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l'I.A, contenus exclusifs et plus encore.

Découvrez les nombreux avantages de Numerama+.

S'abonner à Numerama+

Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci

Il y a une bonne raison de ne pas s'abonner à

Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.

Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :

  • 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
  • 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
  • 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.

Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.

S'abonner à Numerama+

Vous voulez tout savoir sur la mobilité de demain, des voitures électriques aux VAE ? Abonnez-vous dès maintenant à notre newsletter Watt Else !