C’est une décision surprise. Thierry Breton ne prolongera pas au sein de la Commission européenne. Sur X (ex-Twitter), le Français a annoncé ce lundi 16 septembre sa démission, alors qu’il avait été choisi par Emmanuel Macron pour participer au nouveau mandat d’Ursula von der Leyen, confirmée au poste de présidente de la Commission cet été.
Dans la commission von der Leyen I, Thierry Breton, nommé en 2019, était à la tête d’un vaste portefeuille. Ses prérogatives incluaient le marché intérieur, le numérique, la défense, le tourisme, l’espace, l’audiovisuel et la politique industrielle. La France va désormais devoir choisir un autre nom à envoyer à Bruxelles pour figurer au collège des commissaires.
Sur le front du numérique et des technologies, Thierry Breton aura connu quelques frictions avec Elon Musk, le patron de X, notamment sur les sujets de modération. Mais Twitter n’a pas été le seul service dans le viseur du Français : il a aussi ciblé TikTok et Meta. Très tôt, Thierry Breton a plaidé pour une plus grande responsabilité des plateformes.
Il a également été actif sur le terrain de la souveraineté du numérique et industrielle, notamment dans des programmes et des initiatives comme la décennie numérique 2030 (5G, blockchain, cybersécurité, quantique, etc.), le règlement sur les semi-conducteurs (Chips Act) et l’infrastructure de cloud européenne (Gaia-X).
Il est par ailleurs étroitement associé à plusieurs régulations récentes — sur l’intelligence artificielle, avec l’AI Act, et sur les activités des plateformes en ligne, que ce soit leurs pratiques en interne (Digital Services Act — DSA) ou bien leurs comportements sur le marché sur lequel elles se trouvent (Digital Markets Act — DMA).
Des problèmes avec Ursula von der Leyen
Dans sa lettre, Thierry Breton indique que son départ est provoqué par un problème relationnel avec Ursula von der Leyen.
« Il y a quelques jours, dans la toute dernière phase des négociations sur la composition du futur Collège, vous avez demandé à la France de retirer mon nom – pour des raisons personnelles que vous n’avez à aucun moment discutées directement avec moi », lance-t-il à l’Allemande, ce qui, à ses yeux, est le « témoignage supplémentaire d’une gouvernance discutable. »
Dès le 28 juin, en marge du Conseil européen, Emmanuel Macron avait fait savoir publiquement son intention de reconduire la candidature de Thierry Breton à Bruxelles. Son nom avait ensuite été officialisé le 25 juillet. Le chef de l’État avait souligné notamment « l’expérience » de Thierry Breton après cinq ans à ce poste, et ses « qualités propres ».
Comme le rappelle Euractiv, Ursula von der Leyen et Thierry Breton peinent à s’entendre. Le Français s’était fortement opposé à la nomination de Fiona Scott Morton, une Américaine, au poste d’économiste en chef de la direction de la concurrence, alors qu’elle avait les faveurs d’Ursula von der Leyen. Le sujet était devenu un mini scandale politique.
Thierry Breton avait également rédigé un tweet contre sa présidente, pour questionner son influence dans sa famille politique. « Malgré ses qualités, Ursula von der Leyen mise en minorité par son propre parti », ajoutant, en filigrane, qu’il n’était sans doute pas judicieux de lui re-confier les rênes pour cinq ans de plus. Cela n’avait pas plu à l’intéressée.
Quelle suite pour Thierry Breton et la France ?
Il reste maintenant à Paris de trouver un candidat ou une candidate pour que la France puisse être représentée au Collège des commissaires. Il faut en effet un poste par pays membre — l’Union européenne est composée de vingt-sept pays. Emmanuel Macron pourrait notamment envisager un nom parmi les ministres démissionnaires.
La France pourrait d’ailleurs récupérer un portefeuille élargi. C’est en tout cas ce qu’Ursula von der Leyen aurait suggéré au président de la République, « en tant que compromis politique » pour évincer le nom de Thierry Breton. L’Hexagone pourrait ainsi se retrouver avec des prérogatives élargies — bien que le portefeuille précédent était déjà vaste.
Cette affaire pourrait donner lieu, d’ailleurs, à un certain chassé-croisé entre Paris et Bruxelles. Michel Barnier, nommé Premier ministre par Emmanuel Macron le 5 septembre, pourrait envisager la participation de Thierry Breton à son gouvernement. L’intéressé est rompu à l’exercice : il a été à l’Économie et aux Finances de 2005 à 2007.
Hasard du calendrier, ce départ survient peu de temps après la remise d’un rapport sévère sur la compétitivité de l’Union européenne. Parmi les causes du décrochage du Vieux Continent face aux USA figure la régulation jugée excessive du numérique et de la tech. Un constat qui, a tout le moins, vient nuancer le bilan de Thierry Breton à Bruxelles.
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