L’emploi de la vidéosurveillance algorithmique à des fins de sécurité publique doit être prolongé au-delà des Jeux olympiques, afin d’en faire un outil courant pour les forces de l’ordre. C’est du moins l’avis qu’a défendu ce mercredi 25 septembre 2024 Laurent Nuñez, le préfet de police de Paris. Il s’exprimait devant la commission des lois de l’Assemblée nationale.
La vidéosurveillance algorithmique, ou VSA, consiste à combiner des caméras de vidéosurveillance déjà déployées dans l’espace public, et par ailleurs dans les lieux donnant accès aux transports en commun, comme les gares, avec de l’intelligence artificielle. Il s’agit d’utiliser des algorithmes pour repérer des évènements particuliers à l’image.
C’est à l’occasion des Jeux olympiques de Paris, à l’été 2024, suivis des Jeux paralympiques, que ce dispositif a été mis en place, via une loi dédiée. Le texte a autorisé, à titre expérimental, l’utilisation de la VSA pour détecter une série de situations. L’outil n’a pas été calibré pour procéder à de la reconnaissance faciale, malgré des demandes en ce sens.
Dans le détail, l’intelligence artificielle cible actuellement les départs de feu, les objets abandonnés, les mouvements de foule, la présence d’armes, une personne à terre, la densité d’une foule, un véhicule ou une personne à contre-sens ou la présence d’une personne ou d’un véhicule dans un endroit interdit. En somme, des incidents.
Une technologie qui « a démontré son utilité »
In fine, c’est le gouvernement qui aura à trancher sur la prolongation, ou non, de la VSA. Mais aux yeux de Laurent Nuñez, cité par nos confrères du Monde, le bilan est « positif » et la technologie « a démontré son utilité ». De fait, l’intéressé est « très favorable » à une prolongation et a indiqué qu’il va pousser dans cette direction.
Laurent Nuñez a précisé que cette analyse des images a, pour ce qui est de la préfecture de police de Paris, concerné « une dizaine de sites » et qu’elle a surtout été mobilisée durant les Jeux paralympiques, qui ont eu lieu du 28 août au 8 septembre. Lors des JO, organisés du 26 juillet au 11 août, l’utilisation était davantage expérimentale, moins opérationnelle.
Aucune interpellation n’a eu lieu via la VSA, mais le préfet de police a relevé que « ce n’était pas le but ». Ici, il s’agissait « de détecter un flux ou un mouvement anormal. Et, en ce sens, c’est un outil d’aide très utile. Je ne demande pas plus ». En l’espèce, Laurent Nuñez a mentionné « un certain nombre d’alertes », sans plus de détails.
Actuellement, l’autorisation de l’expérimentation de l’intelligence artificielle est valable jusqu’au 31 mars 2025. Avant de se prononcer, l’exécutif doit remettre un rapport d’évaluation sur la mise en œuvre de la VSA, dont le contenu sera fixé par décret en Conseil d’État et après avis de la Cnil. Ce bilan doit être remis au plus tard le 31 décembre 2024.
Testée en amont des JO à diverses occasions (pour des concerts, des matchs de foot, dans certaines gares très fréquentées…), cette solution sécuritaire a suscité une forte controverse sur le terrain des libertés. Il n’est pas rare que, sous couvert d’expérimentation, des mesures soient finalement pérennisées d’une façon ou d’une autre.
Une prolongation évoquée dès 2023
Très tôt, d’ailleurs, le gouvernement avait ouvert cette perspective. Ainsi, dès septembre 2023, Amélie Oudéa-Castéra, qui était alors la ministre des Sports et des Jeux olympiques, avait évoqué la possibilité d’aller au-delà du 31 mars 2025, pour contribuer à la sécurisation de divers évènements publics, si cette technologie faisait ses preuves.
En raison du profil politique du gouvernement Barnier, beaucoup plus à droite que le précédent, et donc davantage à l’initiative sur les questions de sécurité, la requête formulée par Laurent Nuñez a des chances certaines d’être entendue avec bienveillance, et d’être suivie d’effet. Cela dépendra toutefois aussi de la capacité de l’exécutif à durer.
Le nouveau ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, est décrit comme « très conservateur » et « tenant d’une ligne dure ». D’après le Nouvel Obs, il est décidé à pousser « le curseur encore plus loin sur la sécurité ». Lors de sa première prise de parole, le 23 septembre, Bruno Retailleau a insisté sur trois priorités : rétablir l’ordre, rétablir l’ordre et rétablir l’ordre.
On parle d’ailleurs déjà d’une nouvelle loi sur la sécurité, et ce pourrait être l’occasion d’y insérer une pérennisation de la VSA.
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