C’est la révolution informatique que les industriels tentent d’imposer aux consommateurs depuis plusieurs années, et contre laquelle s’opposent des initiatives en gestation comme la FreedomBox. Avec le cloud, ou « informatique en nuage », les entreprises comme Google, Microsoft, Apple ou Yahoo veulent rendre les utilisateurs dépendants des services en ligne, pour transformer leurs ordinateurs en terminaux d’accès – sous un motif écologique très à la mode, et très contestable. Les données ne sont plus stockées localement mais à distance, ce qui a le double avantage pour l’entreprise d’enfermer l’utilisateur dans le service en ligne qu’il a choisi (particulièrement lorsqu’il est impossible ou difficile d’en changer sans perdre ses fichiers), et de lui faire payer un loyer pour l’hébergement de ses données. Loyer qui peut être payé soit par la communication de données personnelles qui sont exploitées commercialement (revente de fichiers, publicité ciblée…), soit par abonnements payants à des formules « premium ».
Google fait figure de leader dans ce domaine, avec ses très nombreux services en ligne comme YouTube, Google Docs, Google Maps, ou encore Gmail. L’utilisateur n’a plus besoin d’installer de logiciels et de les mettre à jour, il doit juste disposer d’un navigateur internet, ce qui est l’objectif de Chrome OS. Les données seront sauvegardées à distance, et pourront être retrouvées depuis n’importe quel appareil dans le monde. C’est la promesse d’une informatique simplifiée, et la fin des données perdues après le crash d’un disque dur ou la perte d’une clé USB. Sauf lorsque le service plante, et que tout devient inaccessible.
Ce fut le cas dimanche de Gmail. Selon le propre aveu des équipes de Google, un peu moins de 0,29 % des utilisateurs de Gmail (soit tout de même plusieurs centaines de milliers d’internautes) se sont trouvés face à une boîte vide lorsqu’ils ont voulu consulter leur boîte – ou ils auraient trouvé une boîte vide s’ils l’avaient fait. Cinq heures après la première alerte publiée, le problème touchait encore 0,08 % des utilisateurs. A priori aucun message n’est perdu, mais les équipes de la firme de Mountain View doivent réparer des bases données endommagées pour récupérer les données.
Ce type de problème est le cauchemar de tout éditeur de services en cloud, et il met en exergue le risque de confier toutes ses données à un tiers distant. Le jour où le service tombe en panne, ferme ses portes ou désactive le compte de l’utilisateur, toutes les données sont perdues.
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