En fin d’année dernière, nous avions noté que moins de 1 % des 251 587 câbles diplomatiques détenus par Wikileaks avaient effectivement donné lieu à publication. L’extrême majorité des textes restent encore secrets, en attendant que leur divulgation au public soit validée par les journalistes des médias partenaires. Ce qui relativise toute l’opprobre dont a fait part le site, notamment par le ministre de l’économie numérique Eric Besson qui avait souhaité interdire l’hébergement de Wikileaks en France.
A l’occasion du 100ème jour depuis la publication des premiers câbles diplomatiques, Wikileaks est revenu mardi sur le rythme particulièrement lent de mise en ligne des documents. Environ 5 000 textes ont été publiés, soit moins de 2 % des câbles. Il en reste plus de 98 % qui sont encore secrets, mais qui le seront progressivement, jusqu’à épuisement du stock. « La raison de notre publication progressive n’est pas de minimiser la gêne : c’est de maximiser l’impact« , défend l’organisation dans un éditorial. « Les câbles contiennent des documents d’importance sur presque tous les sujets graves de chaque pays dans le monde. Nous savons d’expérience que tout sortir le premier jour aurait conduit à mettre en avant les quelques premiers articles et à noyer toutes les autres (informations)« , ajoute Wikileaks. Par rapport aux documents irakiens et afghans qui avaient été diffusés en un bloc, la publication au compte-goutte des câbles permettrait donc d’assurer une couverture médiatique plus longue.
Wikileaks se targue d’ailleurs d’avoir participé au succès des révolutions en cours. Les premiers documents issus des câbles diplomatiques « ont déjà aidé à faire changer le monde et la perception que nous en avons« , écrit le site, en citant plusieurs exemples :
La révolution tunisienne a éliminé un dictateur en place depuis 23 ans, nous savons maintenant que les pays arabes ont exhorté l’Amérique à entreprendre une action militaire contre l’Iran, pourquoi la Chine a attaqué Google, que le gouvernement britannique a proposé de « protéger les intérêts américains » au cours de son enquête sur la guerre en Irak, que des personnalités clés de la Suède ont travaillé avec les États-Unis pour cacher au Parlement suédois de vastes coopérations de renseignement, la façon dont le gouvernement yéménite a accepté de couvrir des frappes aériennes américaines sur son sol, et que des diplomates américains ont reçu l’ordre de devenir des espions et de voler l’ADN et d’autres informations auprès du personnel des Nations Unies et de différentes ONG.
« Un dénominateur commun peut être trouvé dans la majorité des câbles : la corruption« , écrit WL Central qui publie aujourd’hui un top 100 des révélations contenues dans les documents publiés jusqu’à ce jour. Le site estime qu’il y aura « un 200ème, 300ème et 400ème Jour du Cablegate« , et qu’il y a « beaucoup d’autres révélations à venir cette année« .
Wikileaks, qui critique la chasse dont il fait l’objet, prévient qu’il ouvre aujourd’hui « la phase deux des Câbles Diplomatiques », sans préciser ce qu’elle allait concrètement changer. Si ce n’est que le câbles seront désormais automatiquement re-publiés sur plus de 1800 sites.
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