Invité du podcast PBD de Patrick Bet-David, l’ancien président et candidat américain Donald Trump a affirmé avoir été appelé par Tim Cook, le patron d’Apple. L’homme d’affaires se serait plaint des amendes infligées par l’Union européenne à l’encontre de son entreprise. Pour Donald Trump, qui a souvent dit du bien de Tim Cook dans des interviews, c’est un scandale : s’il est élu, l’ancien président des États-Unis dit vouloir tout faire pour ne pas laisser l’Union « profiter » des sociétés de la tech américaines.
« Tim Cook m’a appelé » : Donald Trump révèle qu’Apple cherche du soutien
« Il y a deux heures, il y a trois heures, il [Tim Cook] m’a appelé. […] Il a dit que l’Union européenne vient de nous infliger une amende de 15 milliards de dollars. […] En plus de ça, ils ont été condamnés à une amende supplémentaire de deux milliards par l’Union européenne. » Ce à quoi il fait référence, ce sont 13 milliards d’euros d’impôts qu’Apple doit payer à l’Irlande, au titre d’avantages fiscaux indus dont a bénéficié la multinationale entre 2003 et 2014. La Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) avait considéré cela comme une aide d’État illégale en septembre dernier.
L’autre amende — qui est dans cas-ci une réelle sanction financière — c’est celle qui concernait les pratiques d’Apple pour favoriser Apple Music par rapport à Spotify, Deezer et compagnie. Cette fois-ci, c’était la Commission européenne qui avait infligé cette sanction, d’un montant de 1,8 milliard d’euros.
Donald Trump précise aussi que Tim Cook lui aurait déclaré « qu’ils [la Commission européenne] utilisaient cela [les amendes] pour gérer leur entreprise, ce qui signifie que l’Europe est leur entreprise. » Donald Trump lui aurait répondu « je dois être élu en premier, mais je ne vais pas les laisser profiter de nos entreprises, ce qui, vous le savez, ne se produira pas. » Du côté d’Apple, pas de commentaire pour l’instant, bien que The Verge ait demandé une réaction.
Trump discute avec les patrons de la tech américaine et ce n’est pas étonnant
Ce n’est pas la première fois que Donald Trump converse avec des dirigeants d’entreprises de la tech. La semaine dernière, il révélait avoir discuté avec Sundar Pichai, le PDG de Google. Dans ce cas, c’était surtout Donald Trump qui se plaignait des « mauvaises histoires » que le moteur de recherche mettait soi-disant en avant à son sujet.
Évidemment, comment passer à côté de la relation entre Donald rump et Elon Musk ? Ce dernier a récemment pris la parole lors d’un meeting du candidat en Pennsylvanie. Elon Musk a même ressuscité le compte originel du candidat sur X, @realDonaldTrump. Plus tôt dans la campagne, les deux hommes s’étaient réconciliés, après des insultes sur ce même réseau social. C’est le seul dirigeant de la tech à avoir affiché son soutien public au candidat républicain. Cet été, Trump affirmait également avoir été appelé par Mark Zuckerberg, patron de Meta. Selon lui, l’homme d’affaires l’aurait contacté pour s’excuser : Meta AI, son chatbot, avait assuré que la tentative d’assassinat de Trump n’avait pas eu lieu.
Que des dirigeants d’entreprises puissantes contactent un candidat à l’élection présidentielle américaine est tout à fait normal : cela s’appelle du lobbying. Ces multinationales prennent la température, discutent avec les candidats pour anticiper leurs décisions, changer de stratégie. Elles cherchent aussi à ce que les politiques de ces candidats, s’ils sont élus, aillent dans leur sens. Il s’agit d’une pratique très répandue, surtout en période de campagne, comme le montrait le sociologue Guillaume Courty et et la politiste Julie Gervais dans Le lobbying électoral (Eyrolles, 2016).
Apple, Google, Elon Musk ou encore Meta profitent de ce moment politique puisque c’est à ce moment précis que Donald Trump est le plus vulnérable. Ce alors même que les sondages entre le candidat républicain et la candidate démocrate Kamala Harris tendent vers un vote serré. Tim Cook est connu pour avoir entretenu de bons liens avec Donald Trump durant son mandat, afin de protéger les intérêts d’Apple.
Quelle sera la politique du républicain en matière de tech s’il est élu ?
Entre Trump et Harris, il y a tout un monde politique de différence. La démocrate souhaite poursuivre la politique de Joe Biden, tournée vers une coopération avec l’Union européenne et une pression de plus en plus forte sur les acteurs économiques du numérique.
Dans le cas où Donald Trump serait élu, plusieurs choses changeraient. Tout d’abord, ce serait le retour d’une lutte contre l’Union européenne, sa Cour de justice et sa Commission. Le Républicain ferait pression sur l’Union pour assouplir ses règles, notamment par rapport au Digital Markets Act, qui agace particulièrement les entreprises américaines de grande taille.
Trump critique aussi vivement les géants de la Silicon Valley, leur reprochant d’être trop critiques envers lui, et d’être devenus trop puissants. Le candidat a tout de même un programme libéral qui veut donner aux entreprises de quoi innover. Il a insisté sur les cryptomonnaies, voulant faire des États-Unis « la capitale des cryptomonnaies ». Ce qui signifie faire adopter la blockchain à l’économie américaine.
Le candidat (et homme d’affaires) a même lancé sa propre plateforme d’investissement en cryptomonnaies il y a quelques jours. Trump a son propre token en vente, $WLFI, qui sert indirectement à parier sur sa victoire. Alors que pendant des années, il a cherché à faire interdire TikTok, Trump veut désormais empêcher Facebook et Instagram de croître. Pour lui, les deux réseaux sociaux sont trop puissants et TikTok est nécessaire pour créer de la concurrence. D’un autre côté, il avait été éjecté de Facebook après l’assaut du Capitole et son compte TikTok compte aujourd’hui 11,8 millions d’abonnés. Opportuniste ? Toujours.
Par ailleurs, Donald Trump n’est pas du tout fan de voitures électriques, même si depuis son rapprochement avec Elon Musk, il est moins virulent. Il compte mettre un terme au mandat des véhicules électriques mis en place par Biden : un plan d’action visant à subventionner la construction d’usines et de bornes de recharges aux États-Unis, ainsi que des avantages fiscaux pour les acheteurs. Outre le coût environnemental de cette décision, ce serait un coup dur pour les constructeurs de voitures électriques américains. Mais, pour Elon Musk, ce n’est pas un problème : seul Tesla serait le survivant du marché et pourrait continuer son chemin.
+ rapide, + pratique, + exclusif
Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l'I.A, contenus exclusifs et plus encore.
Découvrez les nombreux avantages de Numerama+.
Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci
Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.
Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :
- 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
- 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
- 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.
Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.
Si vous avez aimé cet article, vous aimerez les suivants : ne les manquez pas en vous abonnant à Numerama sur Google News.
Certains liens de cet article sont affiliés. On vous explique tout ici.