Dominique Strauss-Kahn a un problème. Le patron du Fonds Monétaire International (FMI) est contraint de ne pas officialiser sa candidature aux prochaines élections de 2012, sous peine de perdre immédiatement son poste à Washington. Il doit donc en principe respecter le calendrier fixé par le bureau du Parti Socialiste, et attendre aussi tard que possible l’organisation des primaires, avec un dépôt des candidatures fixé au plus tard le 13 juillet 2011. Mais il doit aussi entretenir l’attente de sa candidature, et faire « monter le désir » chez les sympathisants socialistes, pour ne pas laisser le champ libre à ses concurrents directs, François Hollande, Ségolène Royal ou Martine Aubry. L’exercice est difficile, mais le net pourrait lui venir en aide.
Le reportage « Yes We Kahn » diffusé il y a dix jours par Canal+ a donné le coup d’envoi de sa candidature officieuse, en polissant l’image d’un homme jusque là ternie par ses affaires d’ordre privé et par la politique libérale du FMI, fortement critiquée par les altermondialistes. Désormais, il faut livrer campagne, sans se dévoiler.
Or c’est dans ce contexte que s’ouvre aujourd’hui le site DSKvraifaux.fr, présenté comme le « site non officiel soutenant la candidature de Dominique Strauss-Kahn« , réalisé par « un groupe de sympathisants et de militants socialistes« . Dans une présentation qui ferait bondir le sénateur Jean-Louis Masson, les auteurs du site restent anonymes et entendent « rétablir les faits sur son action et ses déclarations, passées et présentes« . Hébergé en France par la société Digicube, le site utilise un nom de domaine en .fr dont les informations sur le propriétaire ont été cachées (mise à jour : comme nous le fait remarquer Baltyre en commentaire, le .com révèle que le site a été créé par le Club DSK, dont Le Point précisait l’été dernier qu’il est dirigé par « un architecte qui avait disputé vainement la présidence du MoDem de Paris à Marielle de Sarnez avant de quitter définitivement le parti de François Bayrou »).
Simple, le site vise à l’efficacité avec des textes courts, souvent illustrés, qui expliquent « pourquoi c’est faux » de penser par exemple que « DSK a été complaisant envers les régimes autoritaires arabes », que « Sarkozy a nommé DSK au FMI », ou encore qu’il « affame la Grèce ». Au contraire, il dit « pourquoi c’est vrai » qu’avec DSK, « le FMI promeut une croissance créatrice d’emplois et facteur de cohésion sociale », ou qu’il « soutient le pari du post-nucléaire ».
Les questions ne sont pas choisies au hasard, et les réponses peuvent toutes être imprimées sous forme de tracts, ou copier-collées sous forme résumées pour les blogs, les forums ou les réseaux sociaux. L’ensemble du site est placé sous licence Creative Commons by-nc-nd 3.0, qui favorise la recopie des argumentaires, mais interdit leur modification.
Voilà un groupe de sympathisants extrêmement bien organisés… dont l’initiative n’est pas sans rappeler le site FightTheSmears.com (« combattre les boules puantes ») lancé en 2008 par l’équipe de… Barack Obama.
Sur Facebook, une page dédiée à l’actualité de Dominique Strauss-Kahn est aujourd’hui devenue DSK 2012, ce qui a été relayé par un compte Twitter non officiel de DSK, qui était inactif depuis le 5 janvier.
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