Le blog FOSS Patents a accusé Google d’avoir utilisé 2,5 Mo en provenance du code source de Linux pour le développement d’Android. Or, l’entreprise américaine n’a pas respecté la licence GPL, qui protège les fichiers Linux. Cette licence impose pourtant de redistribuer tout travail dérivé d’une oeuvre sous GPL, selon les mêmes termes. Android devra-t-il s’y soumettre entièrement ?

Google a-t-il enfreint les termes de la licence publique générale GNU ? Depuis le 17 mars, la question se pose sérieusement au sein de la communauté Android. En effet, le blog FOSS Patents affirme que le géant américain a copié sans autorisation 2,5 Mo de code en provenance de plus de 700 fichiers en-têtes (headers) pour intégrer le tout dans le système d’exploitation mobile.

Le processus de copie s’est fait avec un logiciel maison, capable de nettoyer les lignes de code en retirant les éléments « superflus » (en particulier les commentaires inscrits en marge du code). Le résultat final donne une portion du programme sans licence. Or, celle-ci dispose que la modification d’un travail couvert par ce texte doit bénéficier des mêmes conditions de partage.

Autrement dit, la GNU / GPL impose de redistribuer le programme selon ses termes à partir du moment où un fichier est couvert par ce document. C’est pour cela que la licence GPL est considérée comme une licence virale. La redistribution du travail, modifié ou non, doit systématiquement se faire en respectant les termes du contrat. Or, Google commet là une « violation très grave » selon FOSS Patents.

À l’heure actuelle, Android est un assemblage de différents codes couverts par plusieurs contrats différents. On retrouve la licence publique générale GPL avec le noyau Linux, des licences permissives (Apache Software Licence, BSD, MIT…) et des portions de code issues de programmes fermés. Ce mélange savant cause déjà des ennuis à Google, puisque Oracle a porté plainte à propos de la machine virtuelle Dalvik et du code Java.

L’affaire n’est pas à prendre à la légère. Une explication stricte de la licence GNU / GPL pourrait affecter l’ensemble des éléments utilisés dans Android, forçant leurs propriétaires à les rendre publics afin qu’ils puissent être librement modifiables et transmissibles selon les termes du contrat. L’autre solution serait alors de remplacer les bouts de code concernés par une alternative couverte par une licence moins contraignante.

Bien évidemment, cette solution est loin d’être simple à mettre en œuvre. Elle demande du temps pour réécrire les lignes de code concernées. La transition risquerait par ailleurs de causer des problèmes d’instabilité et de compatibilité avec des appareils anciens ou certains programmes interagissant avec Android. Enfin, les moyens mobilisés pour la réécriture du code ne pourraient pas être utilisés pour développer l’.O.S.

Interrogé par IT World, Linus Torvalds – le créateur du noyau Linux – a estimé que « les interfaces du noyau pour le système d’appel ne saurait en aucun cas donner lieu à une œuvre dérivée selon la GPL. […] Je n’ai pas regardé en détail ce qu’a fait Google avec les en-têtes du noyau, mais je ne vois pas ce qu’ils voulaient faire de fondamentalement différent de glibc » (GNU C Library, sous licence LGPL – moins restrictive).

Reconnaissant ne pas s’être plongé totalement dans cette affaire, Linus Torvalds s’interroge sur les réelles motivations suite à ces révélations. « Je ne vois pas d’où vient tout ce brouhaha. Sauf s’il s’agit de quelqu’un qui est poussé par des motivations politiques ou personnelles« . Reste à savoir quelles seront les suites que donnera FOSS Patents et si Google réagira.

Découvrez les bonus

+ rapide, + pratique, + exclusif

Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l'I.A, contenus exclusifs et plus encore.

Découvrez les nombreux avantages de Numerama+.

S'abonner à Numerama+

Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci

Il y a une bonne raison de ne pas s'abonner à

Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.

Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :

  • 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
  • 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
  • 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.

Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.

S'abonner à Numerama+

Abonnez-vous gratuitement à Artificielles, notre newsletter sur l’IA, conçue par des IA, vérifiée par Numerama !