Dans la nuit du mardi 5 au mercredi 6 novembre 2024, les États-Unis découvriront (peut-être) le nom de leur prochain président, qui prendra sa fonction le 20 janvier 2025. À quelques jours de l’élection, qui s’annonce plus serrée que jamais, bien s’informer n’est pas toujours facile.

Donald Trump a-t-il vraiment 70 % de chance de l’emporter, comme le site Polymarket le suggère ? C’est évidemment plus compliqué, même si ses plus fervents supporters, comme Elon Musk, ne cessent de partager cette statistique.

Une élection présidentielle américaine ne fonctionne pas au suffrage universel direct. Elle se joue dans quelques États clés, comme l’Arizona, la Georgie, le Michigan, le Nevada, la Caroline du Nord, la Pennsylvanie et le Wisconsin. Les résultats sont déjà connus dans les autres États (ou du moins hautement prévisibles), ce qui les rend inutiles pour calculer le nom du prochain président. Quand un candidat à la présidentielle emporte la victoire dans un État, il remporte tous les « grands électeurs » de cet État. Le premier candidat avec 270 grands électeurs devient « président-élu » des États-Unis, jusqu’à la certification des résultats et l’investiture le 20 janvier prochain.

Techniquement, Kamala Harris part avec un peu d’avance. La Démocrate est déjà certaine d’obtenir 225 grands électeurs, alors que Donald Trump est à 219. Les résultats des « swing states », les États dans lesquels l’élection peut basculer, sont très difficiles à prédire à cause de la marge d’erreur des sondages.

Comment fonctionne le collège électoral ? Pourquoi on ne peut pas le prédire ?

En France, obtenir le résultat d’une élection présidentielle est relativement simple. Chaque vote compte, le candidat avec le plus de voix gagne. Aucune différence n’existe d’une région à une autre.

Aux États-Unis, c’est beaucoup plus compliqué. Chacun des 50 États dispose de grands électeurs, qui ne sont pas proportionnels à sa population. La Californie, par exemple, compte pour 54 voix, alors que l’État de New York en vaut 28. Les swing states, qui sont souvent plus petits, rapportent entre 6 et 19 électeurs. Cela veut dire que certains électeurs américains, notamment dans des zones rurales, ont plus de pouvoir que d’autres.

Encore plus étonnant : il suffit de gagner dans un État pour décrocher l’ensemble de ses électeurs. Un 50,01 % en Pennsylvanie permet de décrocher 19 grands électeurs, alors qu’un 49,99 % en rapporte 0. Ce système de vote s’appelle le collège électoral.

Quand on gagne dans un État, on remporte tous ses électeurs.
Quand on gagne dans un État, on remporte tous ses électeurs. // Source : Wikipedia

Le collège électoral rend le dénouement d’une élection extrêmement incertain, contrairement à ce qu’affirment les soutiens des grands candidats.

Dans une élection serrée comme celle de 2024, le gagnant de l’élection peut changer en un rien de temps, juste en décrochant quelques voies de plus dans un seul État. Il suffit que des électeurs se mobilisent un tout petit peu plus que prévu pour offrir à un des deux candidats un grand avantage. À la fin, c’est l’addition des grands électeurs qui permet de deviner le sort de l’élection.

Un simulateur pour comprendre le collège électoral

Pour comprendre le fonctionnement du collège électoral, le plus simple est de jouer avec.

Il existe plusieurs outils sur Internet, comme celui du New York Times, pour simuler le vote final. On glisse chaque swing state dans le carré Trump ou dans le carré Harris, jusqu’à arriver aux fameux 270 grands électeurs. Cela permet de voir la multitude d’issues possibles.

Le simulateur du New York Times permet d'imaginer les différents scénarios.
Le simulateur du New York Times permet d’imaginer les différents scénarios. // Source : Capture Numerama

Un des grands problèmes de l’élection de 2024 est que les sondages sont extrêmement serrés, ce qui rend incertain le sort dans au moins 7 États. Lors de précédentes élections, il y avait moins de scénarios imaginables. Cette année, Donald Trump et Kamala Harris ont chacun plusieurs moyens d’accéder à la Maison-Blanche. Et une défaite dans un État considéré important peut être annulée par une victoire ailleurs.

Autre outil intéressant : le mur magique de CNN, qui avait fait sensation lors de l’élection 2016. Il permet aux journalistes de tester différentes configurations en direct, et peut également être utilisé depuis l’application mobile du média américain. Le soir de l’élection, il s’actualisera en temps réel (CNN propose aussi des prédictions pour le Congrès, le Sénat et les élections locales, puisque les Américains votent pour tout le même jour).

Le mur magique dans l'appli CNN. D'autres médias américains disposent d'un outil similaire.
Le mur magique dans l’appli CNN. D’autres médias américains disposent d’un outil similaire. // Source : Captures Numerama

Quels sont les meilleurs sites pour suivre les sondages ?

Il existe des centaines de sondages pour l’élection américaine. Ceux qui ne sont pas intéressants concernent le vote populaire, puisqu’il n’a pas d’incidence sur le vote final. Hillary Clinton l’avait largement remporté en 2016, mais a perdu le collège électoral. Elle n’est donc pas devenue présidente des États-Unis.

Les sondages intéressants sont ceux qui concernent l’Arizona, la Géorgie, le Michigan, le Nevada, la Caroline du Nord, la Pennsylvanie et le Wisconsin. L’écart est trop important dans les autres États, où les sondages ne servent plus à rien. 225 grands électeurs sont déjà acquis à la cause de Kamala Harris, 219 à celle de Donald Trump.

Donald Trump semble prendre de l'avance, mais de très peu.
Donald Trump semble prendre de l’avance, mais de très peu. // Source : Numerama

Dans les swing states, la marge d’erreur est trop importante pour l’instant. Donald Trump semble repasser devant depuis quelques jours, mais Kamala Harris pourrait l’emporter à la fin, puisque l’écart est souvent inférieur à 1 %. Tout dépendra du nombre d’électeurs qui se déplacent (ou votent par correspondance).

Un bon site pour suivre les sondages est RealClearPolitics, qui effectue la moyenne des différents sondages pour se faire une idée de la pensée d’un État à l’instant T. Il ne sera néanmoins pas suffisant pour prédire le vainqueur en avance. Seul le dépouillement final, qui pourrait prendre plusieurs jours à cause des votes par correspondance, déterminera l’issue de l’élection.

Bref, pour faire simple, l’élection américaine rassemble en réalité 50 mini-élections, où chaque victoire rapporte des points. Le premier candidat à 270 points est élu président des États-Unis.

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