Le drame qui secoue la Côte d’Ivoire, déchirée entre les partisans de Laurent Gbagbo et les soutiens d’Alassane Ouattara, gagne progressivement le net ivoirien. Repérée par Reporters Sans Frontières, une directive émise par l’agence de télécommunications de Côte d’Ivoire (ACTI) le 24 mars dernier impose le filtrage par les FAI locaux de sept adresses Internet.
Les sites web touchés par cette mesure sont les suivants : Abidjan, La voix du Golf, Connection Ivoirienne, Primature Côte d’Ivoire, Koaci, Le Banco et Informateur. Selon l’organisation non gouvernementale, ces sept adresses sont la cible du pouvoir parce qu’ils sont indépendants ou favorables à Alassane Ouattara, le président reconnu par la communauté internationale suite aux élections de novembre 2010.
Officiellement, il s’agit de prendre des mesures « dans le cadre strict de la défense nationale et de la sécurité publique« . Toutefois, les efforts en la matière sont visiblement à sens unique puisque les sites favorables à Laurent Gbagbo, président sortant mais conforté par le conseil constitutionnel ivoirien, ne sont pas touchés par cette mesure, note Reporters Sans Frontières.
Cette liste pourra être étendue à d’autres sites web. « Les sites Internet additionnels éventuels seront communiqués par écrit par l’ATCI aux opérateurs et fournisseurs de services offrant les services d’accès à Internet« . Cette mesure vise manifestement à contraindre les partisans d’Alassane Ouattare, très présents sur le web. Slate Afrique rappelle d’ailleurs qu’il est inscrit sur plusieurs réseaux sociaux (Facebook, Twitter, MySpace, Hi5).
Proche de Laurent Gbagbo, également très présent sur Internet, le président de l’ATCI avait pris une mesure similaire il y a un mois, en coupant le service SMS des opérateurs de télécommunications, sur ordre du ministre de l’intérieur du gouvernement du président sortant. Ces efforts de verrouiller la diffusion de l’information et l’envie des Ivoiriens de communiquer entre eux rappellent des décisions similaires prises au Moyen-Orient.
Pour d’autres raisons, les gouvernements de la Tunisie, de l’Égypte et – plus récemment – de la Libye ont entrepris de limiter au maximum l’accès à Internet dans leur pays, craignant que le réseau des réseaux ne serve à alimenter les manifestations et renforcer l’opposition. Ces tentatives n’ont cependant pas asséché les mouvements sociaux au Moyen-Orient, pas plus qu’elles n’ont permis au pouvoir de se maintenir en place.
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