Dans le débat sur la neutralité d’Internet, la question du financement des réseaux est centrale. Or, le clivage entre les opérateurs de télécommunications et les fournisseurs de service en ligne est profond. En effet, les premiers reprochent aux seconds de ne pas investir suffisamment dans l’infrastructure du net. Une accusation que balaie Olivier Esper, le directeur des relations institutionnelles chez Google France.
Interrogé par le Club Parlementaire, Olivier Esper refuse de dépeindre les acteurs de l’Internet comme des resquilleurs des réseaux. C’est « un mythe que certains se plaisent à propager. Les fournisseurs de services en ligne […] financent largement l’infrastructure Internet » a-t-il assuré, contredisant Orange qui avait défendu le principe d’une contribution accrue des géants du web en fonction de leur consommation en bande passante.
Le directeur général d’Orange, Stéphane Richard, avait expliqué lors du DigiWorld Summit 2010 que « l’utilisation du réseau Internet doit faire l’objet d’une tarification« . Pour lui, les principaux émetteurs de trafic ont une responsabilité toute particulière et doivent en conséquence contribuer aux investissements selon le trafic qu’ils envoient. Une position partagée par d’autres FAI, dont Free.
« Les investissements en infrastructures et dépenses auprès des opérateurs télécoms de la part des fournisseurs de services Internet représentent plusieurs milliards d’euros par an au plan mondial. Si l’on prend les seuls comptes de Google, rien qu’au troisième trimestre 2010, l’entreprise a investi plus de 560 millions d’euros en infrastructures » a ajouté Olivier Esper.
Le directeur des relations institutionnelles va même jusqu’à renverser le raisonnement. « Dans le débat sur le partage de la valeur, peut-être faudrait-il prendre en compte également que les services Internet génèrent la demande pour l’accès aux réseaux ? » Olivier Esper fait référence à l’étude menée par le cabinet McKinsey sur l’impact d’Internet sur l’économie française.
« L’étude réalisée par McKinsey conclut que les services financés par la publicité sur Internet créent, à eux seuls, une valeur pour les consommateurs qui vient s’ajouter et dépasse largement le prix de l’abonnement. En effet, les foyers français valorisent ces services en moyenne à 36 euros par mois« . Ce sont les contenus et les applications qui motivent les consommateurs à payer leurs abonnements d’accès aux FAI, précise-t-il.
« Peut-être faudrait-il donc évoquer un partage des revenus d’accès » s’interroge Olivier Esper. Une idée qui ne risque pas de susciter l’enthousiasme des fournisseurs d’accès à Internet.
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