Sur la question de la géobiologie financée par des fonds publics, il est urgent d’attendre. Voilà comment il serait possible de résumer à grands traits l’avis d’Annie Genevard, la ministre de l’Agriculture, sur ce sujet. L’intéressée était interrogée le 20 novembre en commission des affaires économiques à l’Assemblée nationale.
La géobiologie est un sujet qui a récemment fait l’actualité, en raison de la sortie d’une vidéo critique sur cette « discipline ». Produite par le vidéaste G Milgram, spécialisé dans la lutte contre les manipulations et les pseudo-sciences, elle pointe du doigt l’emploi de fonds publics pour commander des interventions de géobiologues.
La pratique de la géobiologie est toutefois hautement contestée en raison de l’absence de fondements scientifiques permettant d’établir son efficacité avec certitude. Pourtant, la vidéo de G Milgram montre que cette « technique » est utilisée dans le processus d’installations d’éoliennes ou de dispositifs agrivoltaïques, par exemple.
La vidéo de G Milgram a connu un écho notable, au point d’être à l’origine d’une question écrite du parlementaire Éric Bothorel, restée à ce stade sans réponse. L’enquête a aussi connu un incident ponctuel, puisqu’elle a été retirée de YouTube pendant quelques semaines — cela, à la suite d’une action d’un géobiologue, via le prétexte des droits d’auteur.
La chaîne a depuis été rétablie le 20 novembre, presque un mois après le signalement du formateur en géobiologie. « Enfin ! Mon enquête sur le bullshit Pneumatit/Géobiologues (partie1) est enfin de retour sur YouTube », s’est félicité G Milgram sur X (ex-Twitter). Mise en ligne initialement le 9 octobre, elle approche des 390 000 vues.
Annie Genevard esquive le sujet
Quant à la question écrite du député des Côtes-d’Armor, elle a connu un rebond lors du passage d’Annie Genevard devant les membres de la commission. L’élu a interrogé la ministre, qui a pris récemment ses fonctions — elle a été nommée dans le gouvernement de Michel Barnier le 21 septembre 2024.
Interpellée à ce sujet, la ministre n’a toutefois pas annoncé d’action très précise sur le problème de la géobiologie reposant sur des fonds publics. L’intéressée, qui a suivi un cursus littéraire pour devenir professeure certifiée de lettres classiques avant d’entrer en politique, a admis ne « pas être très sachante sur la géobiologie. »
Dans sa brève réponse, elle a relevé que 210 personnes sont inscrites dans l’annuaire de la confédération nationale de géobiologie, « dont des agents de chambres d’agriculture » — c’est en effet dans ces organismes que ces demandes d’intervention de géobiologues sont accusées d’avoir lieu, pour des coûts allant de 500 à 3 000 euros par dossier.
La ministre a surtout repassé la patate chaude, en expliquant que sur ce sujet « les perspectives [sont] de développer les travaux de recherche » avec l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRAE), le CNRS et le CEA, qui s’occupe des énergies alternatives, en plus du nucléaire.
Quant aux chambres d’agriculture, Annie Genevard a affirmé qu’elles « se sont saisies de la question [de l’utilisation de la géobiologie] et sont vigilantes quant à son application sur le terrain ». Autrement dit, aucune action particulière du ministère de l’Agriculture n’est annoncée. Il est urgent d’attendre.
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