Lors de l’installation du Conseil national du numérique ce mercredi, Nicolas Sarkozy a évoqué le cas de la loi Hadopi comme symbole de l’incompréhension entre l’univers du net et le monde politique. Il a assuré prendre sa part d’erreur sur ce sujet, évoquant une remise à plat de la Hadopi à travers une Hadopi 3. Des déclarations qui laissent sceptiques au regard de l’historique du président de la République sur ce sujet.

Le message de Nicolas Sarkozy sur la loi Hadopi se brouille à l’approche des élections présidentielles de 2012. Alors que le président de la République affirmait il y a encore quelques années vouloir aller « jusqu’au bout » dans l’adoption de ce texte législatif, le voilà qu’il se montre plus nuancé sur la question, se prêtant même au jeu de l’autocritique lors de l’installation du Conseil national du numérique (CNN).

En attendant la publication du verbatim du discours que Nicolas Sarkozy a prononcé ce mercredi, l’AFP reproduit quelques-uns de ses propos. « On me dit ‘est-ce que vous êtes prêts à un Hadopi 3 ?’ Bien sûr que j’y suis prêt« . « Je prends d’ailleurs ma part de l’erreur […]. L’intuition que j’avais, c’est qu’on ne pouvait pas abandonner les créateurs. Peut-être que la maladresse a été de donner le sentiment que vous étiez attaqués » a-t-il expliqué.

Quelques jours auparavant, lors d’un petit-déjeuner informel avec les membres du Conseil national du numérique, Nicolas Sarkozy avait tenu des remarques assez semblables. Le président de la République avait ainsi confié que si cette nouvelle instance – le CNN – avait existé au moment des débats sur la Hadopi, la riposte graduée aurait sans doute eu un autre visage.

Il faut bien sûr prendre garde à des propos qui relèvent pour certains de la pure communication politique. Comme nous l’avions expliqué l’an dernier, le chef de l’État semble partisan d’une tactique en deux étapes. D’abord tenir un discours musclé afin de rassembler son camp, puis élargir la discussion en agitant une carotte afin de recueillir de nouveaux soutiens, avec l’espoir que les électeurs aient une mémoire politique suffisamment courte.

Sauf qu’à l’heure du numérique et du fact-checking, plus rien ne s’oublie. Et Nicolas Sarkozy en fait les frais dans le domaine du numérique mais aussi ailleurs. On se souvient ainsi de la manière dont la riposte graduée a été défendue, le suivisme des élus UMP même lorsqu’ils étaient contre, le refus d’entendre le Parlement européen, le dédain envers la société civile, le manque de considération envers ses propres soutiens et l’obstination jusqu’au-boutisme malgré de nombreux arguments contre Hadopi.

Dans ces conditions, difficile de croire que l’arrivée d’une Hadopi 3 renverse véritablement la donne. Récemment encore, le bilan d’étape de la présidence de Nicolas Sarkozy cite en exemple la loi Hadopi parmi les éléments qui contribuent à faire de la France un pays moderne. Cette même loi qui va ouvrir la voie vers le filtrage des contenus dans les boîtiers ADSL au risque d’enfreindre la vie privée.

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