Comment un évènement aussi majeur sur le plan symbolique que la mort de Ben Laden est-il traité dans la communication officielle sur Internet ? Nous avions interrogé l’an dernier le ministère des affaires étrangères à propos de l’utilisation de Twitter par le Quai d’Orsay. « Peut-on faire de la diplomatie sur Twitter en 140 caractères ?« , demandions-nous, interloqués par le caractère très prompt et raccourci de certaines déclarations publiques pourtant sensibles.
Ce lundi matin, à l’heure où nous publions ces lignes, le ministère d’Alain Juppé n’a toujours rien publié sur le réseau social à propos de la mort de l’ancien chef d’Al-Quaeda. En revanche, c’est par Twitter que l’Elysée elle-même a communiqué. La Présidence de la République a publié quatre messages successifs vers 8H45 :
La mort de #BenLaden à la suite d’une remarquable opération américaine est un événement majeur de la lutte mondiale contre le #terrorisme
La #France salue la ténacité des États-Unis qui recherchaient #BenLaden depuis 10 ans.
Pour les victimes du 11 septembre 2001, justice est faite. Ce matin, la France pense à elles et à leurs familles.
Le combat contre les criminels d’ #AlQuaida doit se poursuivre sans relâche et rassembler tous les états qui sont victimes de ces crimes.
C’est donc une communication expresse qui est privilégiée, sur un évènement qui devrait pourtant s’accompagner de prudence et d’une certaine complexité langagière. Déclarer que « pour les victimes du 11 septembre 2001, justice est faite » est un raccourci étrange voire dérangeant pour une démocratie qui a aboli la peine de mort. C’est aussi faire peu de cas des autres responsables des attentats, et du résultat des procès en cours.
La formule qui résume la justice à l’élimination physique du prévenu est la même que celle employée par Barack Obama dans son annonce cette nuit. Mais les Etats-Unis sont habitués à réclamer la mort de leurs ennemis et à s’en féliciter ; pas la France qui traditionnellement préfère les juger. La France s’est longtemps félicitée d’une diplomatie plus nuancée, et elle tombe là dans une caricature que Twitter ne rendait pas indispensable.
On remarque d’ailleurs que les quatre phrases sont une citation d’un communiqué à peine plus long publié par l’Elysée. Preuve que le réseau social n’a pas forcé la main de la Présidence dans ce raccourci. Ce qui n’est pas, loin s’en faut, rassurant pour l’évolution de la diplomatie française, plus préoccupée désormais de courtes phrases choc que de réflexion et de subtilité.
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