Mesure contestée et coûteuse, le filtrage du net australien ne pourra plus s’appuyer sur les finances du pays. Par souci d’économie, le gouvernement a décidé de suspendre – au moins pour un temps – ce dispositif afin de récupérer 9,6 millions de dollars et les réaffecter à d’autres projets.

La rigueur budgétaire ne touche pas seulement les pays européens. Elle frappe aussi les États situés dans l’hémisphère sud, comme l’Australie. Comme sur le Vieux Continent, le gouvernement de Julia Gillard est obligé de procéder à des arbitrages parfois douloureux, nécessitant dans certains cas de sabrer certaines mesures afin de faire quelques économies supplémentaires.

Le filtrage d’Internet est concerné. Le quotidien The Australian rapporte que le gouvernement va suspendre au moins temporairement ce programme, afin d’économiser 9,6 millions de dollars australiens (environ 7,2 millions d’euros) sur trois ans. Reconduit dans ses fonctions lors du remaniement en septembre, le ministre des communications et de l’économie numérique s’est montré très tôt sensible à ces problématiques.

Lors de la préparation du budget, le gouvernement a justifié cette décision en notant que les consultations avec l’industrie ont montré le faible rôle des subventions face à l’accroissement des technologies de filtrage déjà disponibles, notamment au niveau des navigateurs et des moteurs de recherche. Les économies réalisées seront en conséquence redéployées ailleurs.

L’efficacité du filtrage est de toute façon loin d’être parfaite. La liste noire établie par l’ACMA (Autorité australienne des communications et des médias) ne s’est pas limitée aux seuls sites pédo-pornographiques ; plusieurs sites pornographiques légaux ont été ajoutés, tout comme des sites religieux, des pages Wikipédia, des sites sur l’euthanasie, des sites de liens BitTorrent et même une agence de voyage, un site de pari et le site d’un dentiste.

La Fédération Française des Télécoms, une instance chargée de défendre les intérêts de plusieurs opérateurs de télécommunications, avait adressé une étude d’impact sur le filtrage des contenus pédo-pornographiques souhaité par le gouvernement. Les FAI avaient conclu que le coût du filtrage pourrait coûter très cher, et monter jusqu’à 140 millions d’euros pour une technique comme le DPI.

« Plus la technique de blocage est précise, plus elle est coûteuse et plus elle présente un risque de congestion au niveau de l’équipement d’inspection (DPI), qui se matérialise le jour où un site à fort trafic (Google, YouTube…) est inséré dans la liste des sites à bloquer » est-il expliqué. Chaque contrôle est également un défi éthique, car cela consiste à examiner toutes les conversations privées afin d’en vérifier la légalité.

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