C’est désormais acté. Samedi dernier, nous rapportions qu’une étude commandée par la délégation interministérielle à la sécurité routière avait préconisé de réguler technologiquement l’usage des kits mains-libres, dont les effets étaient jugés pervers en cas d’utilisation intensive. « Parce que le kit mains-libres n’est pas interdit, beaucoup s’imaginent que le danger réside dans la manipulation physique du téléphone, le fait même de le tenir en main, alors que la menace vient de la captation de son attention« , remarquaient l’Inserm et l’Ifsttar. Or le fait de téléphoner au volant « introduit une forte charge mentale supplémentaire et réduit gravement les ressources attentionnelles indispensables pour conduire« .
Pour ne pas aller jusqu’à interdire les dispositifs de kits mains-libres, le rapport préconisait de s’en remettre à la technologie pour brider les comportements. Une sorte d’infantilisation moderne. « Il peut être intéressant de tester des outils qui permettraient de limiter les appels ou d’alerter le conducteur lorsque la situation routière nécessite toutes ses capacités attentionnelles ou lorsque son comportement de conduite dénote un défaut d’attention« , suggérait le rapport. Il proposait « le filtrage des appels entrants en fonction d’un diagnostic en temps réel du contexte de conduite« .
Si le conducteur est jugé en situation risquée, l’appel sera automatiquement routé vers sa messagerie. Ou alors, une alerte pourrait interrompre régulièrement la conversation pour rappeler au conducteur à quel point il est dangereux de téléphoner au volant.
Ce mercredi, en comité interministériel de la sécurité routière (CISR) le Premier ministre François Fillon a validé ces propositions. Parmi les mesures qui seront adoptées, le communiqué indique qu’en « partenariat avec les professionnels de téléphonie mobile, des solutions techniques seront développées pour permettre de limiter les conversations téléphoniques au volant« . Les constructeurs de véhicules qui embarquent des systèmes Bluetooth seront aussi certainement mis à contribution.
Par ailleurs, les avertisseurs de radars seront bientôt interdits, et les panneaux indiquant la présence de radars fixes seront supprimés, tout comme les cartes d’implantation des radars qui ne seront plus communiquées pour les GPS. Autant de mesures qui pourraient être contre-productives pour la sécurité, puisque des chauffards risquent de freiner très fort à l’approche des radars, alors qu’ils ralentissaient progressivement grâce aux alertes. Aux Etats-Unis, il avait été démontré que l’interdiction d’envoyer des SMS en conduisant n’avait pas diminué le nombre d’accidents, et qu’elle les avait même parfois accentués. Pourquoi ? Parce qu’elle incite les fraudeurs à tenir leur mobile plus bas, hors de la vue des forces de l’ordre, ce qui leur fait quitter les yeux de la route.
(illustration : CC labspics)
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