Pour éviter que ses abonnés utilisent les services proposés par les constructeurs de téléviseurs connectés, qui font concurrence à ceux qu’il propose sur sa NeufBox, SFR pourrait brider leur rapidité sur Internet. Et proposer aux éditeurs qui le souhaitent de payer pour avoir un accès privilégié à l’abonné.

Les temps sont rudes pour la neutralité du net, qui paraît être plus que jamais une utopie en voie de disparition. Alors qu’Orange a annoncé des discussions avec Google pour faire payer les usagers qui souhaitent disposer d’une connexion prioritaire, et partager les revenus générés, SFR affiche également son intention de brider certains services sur Internet pour mieux vendre ses propres services affichés sur le téléviseur, ou ceux de ses partenaires commerciaux. En usant et en abusant de son contrôle sur l’accès à Internet du foyer, SFR va favoriser la vitesse des services gérés depuis sa Neufbox, au détriment des services accessibles depuis le web. Une manière bien peu équitable de lutter contre l’arrivée des téléviseurs connectés qui font concurrence aux box des FAI et à leurs services de VOD, publicités ciblées et autres commerces électroniques qui ne manqueront pas d’apparaître ces prochaines années. Plus que l’accès à Internet, c’est sur ces services que misent les FAI pour accentuer leur chiffre d’affaires et développer leur rentabilité.

C’est ce que Le Figaro raconte dans un très bon article sur la bataille entre les constructeurs de téléviseurs connectés et les fournisseurs d’accès à Internet :

Sur le fond, les FAI estiment avoir un atout majeur pour rester dans la course et peser sur le nouveau modèle économique en train de s’élaborer : leur réseau. Les télécoms font le pari que pour conserver un service de qualité, les consommateurs voudront continuer à passer par eux. « Alors que le trafic Internet explose, la qualité du signal vidéo est parfois dégradée en raison de la saturation quand on passe par l’Internet mondial. Et cela ne va faire que s’aggraver. En passant par l’opérateur, dont le métier est précisément de savoir gérer un créseau, le consommateur a une garantie de qualité, explique Alexandre Wauquiez, directeur marketing réseaux chez SFR. C’est d’ailleurs aussi une garantie pour les éditeurs de contenus, qui veulent que leurs programmes soient diffusés dans les meilleures conditions. » SFR imagine même que les éditeurs de contenus seront prêts à payer pour s’assurer cette qualité.

Ainsi, si SFR n’arrive pas à lutter à armes égales contre LG, Samsung, Panasonic et autres Philipps pour faire que ses abonnés continuent d’utiliser sa Neufbox plutôt que l’interface du téléviseur connecté, ou celle d’une Xbox, d’une Playstation 3, ou d’un boîtier Apple TV, il abusera de sa position privilégiée sur le réseau pour obliger les éditeurs à signer des accords. « Soit vous payez, soit votre service qui utilise Internet aura une qualité tellement basse que nos abonnés préfèreront s’en détourner ».

Nous avions déjà averti de ce risque au sujet de Free qui, après avoir préparé une première formule d’accès prioritaire payant, avait expliqué qu’Internet était devenu un accessoire à son offre de services haut-débit. Si les services gérés depuis la Freebox sont plus rapides et agréables à utiliser que les services fournis depuis internet, la question de la neutralité du net ne se pose plus. C’est celle de la neutralité des réseaux dans leur ensemble qui se pose, et celle de la faculté pour un opérateur de vendre un accès privilégié à certains services concurrents de ceux proposés via internet.

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