Avec le DOGE, Elon Musk dispose d’un « pouvoir parallèle » aux États-Unis

Juste après son élection, Donald Trump a nommé Elon Musk et Vivek Ramaswamy, un ancien candidat à la primaire républicaine, codirecteurs du nouveau département à l’efficacité gouvernementale, le DOGE, dont la mission est de réformer l’État. La nature exacte du projet est restée mystérieuse pendant plusieurs semaines, avant qu’Elon Musk finisse par hériter des pleins pouvoirs, avec le retrait de Vivek Ramaswamy.

Le DOGE a bien été créé le 21 janvier 2025, peu après l’investiture de Donald Trump, avec à sa tête le patron de Tesla et de SpaceX. Ce ministère, qui n’en est pas réellement un pour des raisons légales (Elon Musk dirige trop d’entreprises privées), a pour objectif de fermer un maximum de services, pour réduire drastiquement les dépenses de l’État. Une de ses premières actions a été de résilier les contrats en faveur de la diversité, un des combats d’Elon Musk.

Ce « pouvoir parallèle », comme le présentent plusieurs élus démocrates, inquiète les opposants de Donald Trump aux États-Unis. Le milliardaire dispose d’un pouvoir inédit pour un simple citoyen, avec un accès quasi illimité aux données et aux comptes de l’État.

Un département inédit au pouvoir démesuré

Le DOGE n’est pas un département fédéral, ce qui permet à Elon Musk de contourner l’autorité du Congrès. Son seul supérieur est Donald Trump qui, au vu de ses récentes déclarations, semble très séduit par les premières actions d’Elon Musk : « Je pense qu’Elon fait un bon travail, il est intelligent. »

Le milliardaire a nommé plusieurs personnalités issues du privé dans son faux-ministère, dont plusieurs de ses proches, ce qui ne colle pas avec les habitudes de Washington. Il a aussi demandé à la Maison-Blanche un accès à plusieurs données classifiées, comme les numéros de Sécurité sociale de millions d’Américains ou un accès au système de paiement des États-Unis (depuis, la Maison-Blanche a limité son accès, pour empêcher le DOGE d’effectuer des transactions), afin de pouvoir supprimer toutes les dépenses qu’il juge superflues. Le DOGE dispose aussi d’un accès à plusieurs documents secrets, comme des listes sur les noms d’agents secrets des États-Unis.

Elon Musk dispose des pleins pouvoirs dans cette nouvelle mission, puisqu’il n’a aucun compte à rendre. Donald Trump lui fait confiance et a indiqué qu’Elon Musk prendrait lui-même des décisions sur d’éventuels conflits d’intérêt. L’USAID, l’Agence des États-Unis pour le développement international, fait partie des premières cibles d’Elon Musk. Le DOGE pourrait ensuite éliminer le ministère de l’Éducation, qu’il juge inutile au niveau fédéral (Elon Musk prône une gestion par État).

Sur son compte X, le DOGE a aussi indiqué avoir coupé les subventions de plusieurs médias, comme le New York Times ou Politico. Il leur reproche d’avoir critiqué Elon Musk, qui semble pouvoir décider d’interrompre des paiements ou de publier des données privées sur un coup de tête.

Elon Musk est-il une menace pour les États-Unis ?

Le DOGE, avec son accès au système de paiement du Trésor américain (qui transfère 6 000 milliards de dollars par an), commence sérieusement à inquiéter les contre-pouvoirs à Donald Trump. Elon Musk veut tout casser, propose d’utiliser la blockchain dans les transactions étatiques et souhaite remplacer les logiciels gouvernementaux, avec des solutions qu’il juge meilleures. Ses opposants dénoncent un citoyen devenu trop puissant, qui pourrait s’auto-avantager en contrôlant les dépenses fédérales.

Au 6 février 2025, trois recours en justice menacent l’existence du DOGE. Des élus démocrates dénoncent le caractère anticonstitutionnel d’un tel ministère, puisqu’il n’a pas été soumis au vote du Congrès. Le 5 février 2025, l’AP révélait que sept membres du Comité du renseignement du Sénat ont envoyé une lettre à la Maison-Blanche pour l’interroger sur les mesures de sécurité prises contre les fuites. Un des gros problèmes est qu’Elon Musk a accès, sans avoir été élu, à des documents classifiés, qui contiennent notamment l’identité d’agents infiltrés ou de sources du renseignement.

Autre problème aux conséquences moins importantes : Elon Musk se sert de son ministère, appelé volontairement DOGE, pour faire monter le cours de la crypto-monnaie du même nom.

Depuis l’arrivée d’Elon Musk, plusieurs responsables de départements fédéraux ont annoncé démissionner, souvent par opposition au projet du DOGE. Elon Musk affirme rendre le pouvoir au peuple, même si ses actions semblent pour l’instant très auto-centrées. Son prochain objectif pourrait être de licencier massivement et de bloquer de nombreuses transactions, afin de démanteler de nombreux services.