Avec Donald Trump à la Maison-Blanche, Meta sait pouvoir compter sur un allié de poids pour défendre ses intérêts dans le monde entier. C’est du moins ce que pense la maison mère de Facebook, Instagram et WhatsApp, à en croire les récentes déclarations de Joel Kaplan, le nouveau responsable des affaires internationales de la société.
Rapportées le 16 février 2025 par Bloomberg, et tenues lors de la conférence de Munich sur la sécurité, les mises en garde de Joel Kaplan sont claires : Meta n’hésitera pas à se plaindre à Washington si l’Union européenne emploie ses règles en matière de régulation du numérique pour cibler ses produits et services.
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« Lorsque des entreprises sont traitées différemment et de manière discriminatoire, il convient d’en informer le gouvernement de l’entreprise concernée », a ainsi prévenu Joel Kaplan, même s’il a affirmé dans le même temps désirer « travailler dans les limites des lois adoptées par l’Europe » et assurer que son groupe le fera « toujours ».
Opération séduction visant l’administration Trump
Nommé à ce poste en janvier 2025, pour remplacer Nick Clegg, Joel Kaplan est vu comme un atout de choix par la direction de Meta pour défendre son point de vue auprès de l’administration américaine. Républicain, il a été par le passé chef de cabinet adjoint de la Maison-Blanche pour la politique sous la présidence de George W. Bush.
Récemment, il a été rapporté que Joel Kaplan s’est rapproché de l’entourage du président américain. Or, la présence de ce républicain à un si haut poste de responsabilité — bien qu’il était auparavant vice-président de la politique publique mondiale — est considérée comme un moyen pour Meta d’avoir un contact pour plaider sa cause au plus haut niveau.
« Nous signalerons les cas où nous pensons avoir été traités injustement »
Joel Kaplan
En la matière, Facebook a préparé le terrain depuis des mois. Le patron du réseau social, Mark Zuckerberg, a ainsi dîné avec Donald Trump, l’a félicité pour son retour au pouvoir et a participé à son investiture — comme bien d’autres leaders de la tech (Google, Apple, Amazon). Une présence qui a aussi été perçue comme une forme d’allégeance.
Les mesures en faveur de la diversité, d’équité et d’inclusivité mises en place par Meta ont aussi pris fin, comme dans d’autres sociétés de la Silicon Valley. Même coup d’arrêt pour le fact-checking par les médias, remplacé par un mécanisme semblable à X (ex-Twitter). Quant à Mark Zuckerberg, il a plaidé pour plus « d’énergie masculine ».
Des amendes cumulées qui frôlent les 3 milliards
Tous ces gestes ne sont pas neutres. Ils apparaissent comme autant d’efforts pour se mettre dans les meilleures dispositions possibles avec la nouvelle administration, afin de défendre les intérêts de Meta, et demander de l’aide le moment venu. Une implication motivée sans doute aussi par les amendes de l’UE infligées à Meta ces dernières années.
Le Vieux Continent a souvent imposé des sanctions pécuniaires à Meta, en raison d’infractions aux règles de la concurrence ou à cause de violations des lois sur la vie privée. Au total, les montants infligés depuis 2018 approchent les 3 milliards d’euros. Cela reste toutefois moins que d’autres sociétés de la tech, comme Google.
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La dernière amende en date a été prononcée à la mi-novembre, là encore pour des pratiques anticoncurrentielles concernant cette fois son service d’annonces publicitaires en ligne (Marketplace) : 800 millions d’euros. Ces sanctions sont régulièrement contestées devant les tribunaux, déclenchant une longue bataille judiciaire.
Pour motiver Donald Trump à s’emparer du sujet et faire pression sur l’UE, Meta pourra vraisemblablement compter sur Apple. En effet, le président américain a révélé en octobre dernier avoir reçu un appel de Tim Cook, le patron de l’entreprise, pour se plaindre lui aussi des sanctions de l’UE contre son groupe.
Le locataire de la Maison-Blanche, en tout cas, n’ignore pas le problème. En janvier dernier, ces amendes ont été évoquées par Donald Trump, avec un avertissement à peine voilé : « Il s’agit d’entreprises américaines […] En ce qui me concerne, il s’agit d’une forme de taxation. Nous avons de très grandes plaintes à formuler à l’égard de l’UE. »
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