Le ministre de l’éducation Luc Chatel s’est rendu mardi à Florensac, dans l’Hérault, où la jeune Carla est morte ruée de coups par le grand frère d’une camarade âgé de 15 ans. Affirmant que des insultes avaient été échangées par Internet entre les adolescentes, il est venu y plaider pour le plan de surveillance des réseaux sociaux qu’il met en place pour lutter contre le harcèlement sur Facebook.

Luc Chatel

Les parents d’élèves ont eu le sentiment d’une certaine indécence dans la visite de Luc Chatel au collège de la jeune adolescente de 13 ans tuée par un autre jeune qui l’a rouée de coups. Ils ne seront pas calmés en constatant que le ministre semble ne s’être déplacé que pour faire de cette dramatique affaire un tremplin pour sa communication politique. Le ministre de l’éducation profite en effet de l’affaire pour justifier sa politique de surveillance et de menace d’interdiction de l’usage des réseaux sociaux contre les adolescents suspectés de harcèlement moral sur Facebook.

Rappelons que Luc Chatel, après avoir annoncé trop vite un accord avec Facebook qui n’existait pas, au début du mois de mai, a finalement signé début juin un accord sur Facebook, en présence de Facebook, mais sans la signature de Facebook. La convention signée avec e-Enfance prévoit que les comportements abusifs des mineurs seront signalés au réseau social américain, en vue de faire fermer les comptes des élèves qui utilisent Facebook pour insulter ou se moquer de leurs camarades.

Or lors de son déplacement, c’est sur ce point précis que le ministre s’est prononcé. « D’après les premiers éléments il pourrait y avoir eu, effectivement, des échanges de mails, d’insultes, sur les réseaux sociaux« , a expliqué Luc Chatel. « Le cyber-harcèlement est une nouvelle forme de harcèlement qui doit nous interpeller, et qui nous concerne. J’ai décidé un plan d’action à partir de la rentrée, de formation des professeurs, d’outils pédagogiques, de travail avec Facebook, parce que nous devons apporter une vraie réponse par rapport à des parents qui ne savent pas forcément que leurs enfants ont des comptes sur les réseaux sociaux, qui ne connaissent pas le contenu de ces échanges,… c’est un phénomène à prendre en compte aujourd’hui« .

L’histoire ne dit pas, cependant, si les insultes et harcèlements avaient lieu également dans la cour de récréation, ou si l’enfant n’aurait pas été tout de même rouée de coups sans les moyens de communication les plus modernes. Vouloir généraliser la violation de l’intimité des adolescents en rebondissant sur un fait divers tragique n’est sans doute pas la meilleure réponse à apporter. D’autant que cette politique habitue les futurs adultes à être sous surveillance permanente, et à trouver naturelle la violation constante de leur vie privée…

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