Les gros sites pornographiques seront-ils bientôt inaccessibles en France ? En tout cas, la menace d’un blocage plane sur 17 d’entre eux. S’ils ne prennent pas rapidement des mesures pour vérifier l’âge des internautes, le régulateur pourra agir pour en obtenir la censure par les FAI.

La menace planait depuis longtemps sur les grands sites pornographiques, elle se concrétise davantage aujourd’hui. Au Journal officiel du 6 mars 2025 a été publié un arrêté listant les plateformes X susceptibles de blocage en France. Parmi les espaces dans le viseur figurent Pornhub, Youporn, Redtube, XVideos ou encore xHamster. En tout, 17 services sont cités.

À ce stade, ces sites sont encore globalement accessibles en France depuis les principaux fournisseurs d’accès à Internet. Cela pourrait toutefois ne pas durer, puisque toutes les adresses mentionnées dans l’arrêté vivent sous la menace d’un blocage par les opérateurs — probablement via la méthode du blocage par DNS, la plus courante chez les opérateurs.

Les sites sont les suivants :

  • Pornhub
  • Youporn
  • Redtube
  • xHamster
  • xHamsterLive
  • TNAFLIX
  • Heureporno
  • XVideos
  • XNXX
  • SunPorno
  • Tukif
  • Reference-sexe
  • Jacques et Michel
  • iXXX
  • Cam4
  • Tukif.love
  • LiveJasmin
Pornhub inaccessible en France ? // Source : Canva ; Wikimedia Pornhub
Bientôt la fin de Pornhub en France ? // Source : Canva ; Wikimedia Pornhub

La publication de cette (future) liste noire a été saluée par Clara Chappaz, la ministre déléguée chargée de l’IA et du numérique. « Une nouvelle étape est franchie : les sites étrangers comme YouPorn et Pornhub devront aussi vérifier l’âge, sous peine de blocage », a-t-elle lancé, appréciant les effets des nouvelles prérogatives de l’Arcom.

L’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom), instance administrative fruit de la fusion entre la Hadopi et le CSA, s’avère, en effet, à la manœuvre. C’est elle qui doit faire en sorte d’animer les exigences légales obligeant les sites pornographies à contrôler l’âge des internautes en France, s’ils veulent voir du X.

Le blocage des sites pour adultes pour en éloigner les mineurs a fait ses débuts en 2024 avec une action ciblant Tukif, xHamster, Mr Sexe et Iciporno — mais il s’agissait ici du résultat d’une action judiciaire, avec un verdict rendu par la cour d’appel de Paris. Afin d’aller plus vite, la tactique change, en mobilisant davantage l’autorité administrative — l’Arcom — pour ne pas avoir besoin de passer par un tribunal.

Depuis janvier, ce cadre spécifique couvrait les sites établis en France et ceux installés en dehors de l’Union européenne. Maintenant, il s’applique aussi aux plateformes installées dans le Vieux Continent (à Chypre pour la plupart, mais aussi en République tchèque, au Portugal, en Espagne, en Hongrie, aux Pays-Bas, au Luxembourg).

Une première liste qui en appellera d’autres

Compte tenu de l’immensité du paysage pornographique sur Internet, il est certain que d’autres espaces, en France, en Europe et ailleurs, se retrouvent face à cette même injonction de vérifier correctement l’âge des internautes, sous peine de blocage. La tâche apparaît herculéenne au vu des milliers de plateformes qui existent.

La tâche s’annonce également complexe avec des sites pouvant changer de nom de domaine, pour échapper au blocage. Il y a également des tactiques que des internautes pourraient mettre en place pour esquiver d’éventuelles interdictions, en changeant de DNS sur le PC ou en prenant un abonnement à un VPN.

Au-delà des problématiques techniques, il y a aussi la difficulté des sites « gris », qui sont à la fois grand public et qui présentent des contenus pour adultes, comme X ou Reddit. Il y a également le développement de tout un pan de la pornographie qui existe en dehors du web, auquel on accède via des applications comme Telegram ou Discord.

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La France cherche à empêcher les mineurs d’accéder à de la pornographie sur Internet. Elle a pris des dispositions législatives pour cela. Mais la traduction technique reste délicate. // Source : Numerama

Le contrôle de l’âge, historiquement, se fait sur Internet par une pseudo déclaration sur l’honneur. L’internaute clique sur un bouton via lequel il prétend être adulte, ce qui ne prouve rien. Aucune solution parfaite n’a été trouvée jusqu’à présent, qui concilierait les enjeux de vie privée, d’efficacité, de facilité d’emploi, de sécurité et de confidentialité.

Pour l’heure, faute de mieux, c’est le contrôle par carte bancaire qui semble se démarquer, malgré ses limites. En tout cas, c’est une option acceptée par l’Arcom dans son guide technique adressé aux sites concernés. Mais c’est une option sous conditions et censée ne durer qu’un temps. Elle a toutefois le mérite d’exister et d’être en partie utilisée.

Derrière ces problématiques demeure un constat : on sait que les mineurs accèdent massivement à la pornographie — un enfant sur trois avant 12 ans, quasi deux tiers avant 15 ans, selon l’association e-Enfance. Avec toutes les conséquences sur le développement psycho-sexuel, la représentation du corps et de la nudité, et le rapport au partenaire.

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