Ne pas mettre directement les annonceurs et les créateurs en relation aurait pu être une bonne nouvelle pour la liberté d’expression, mais pas sur YouTube. Alors que la plateforme pourrait servir d’écran protecteur, et éviter que ses utilisateurs ne s’interdisent de traiter certains sujets par crainte de perdre des subsides, la filiale de Google encourage au contraire à l’autocensure.
Le Youtubeur français Doc Seven qui compte plus de 1,1 million d’abonnés sur sa chaîne a en effet eu la surprise de recevoir un message de YouTube, qui l’informe que la plateforme refuse d’afficher des publicités sur sa vidéo intitulée « 1991 – Il s’est passé quoi 7 année là ? ».
« Nous n’avons pas autorisé la monétisation sur votre vidéo parce que le contenu dans votre vidéo ou des détails de la vidéo peuvent ne pas être annonceurs-friendly », dit le message. En conséquence, Doc Seven ne pourra pas toucher le moindre centime du million de vues qu’elle a générées, et est lié par la clause d’exclusivité qui interdit de diffuser d’autres publicités par lui-même. Tout cela parce que YouTube pense que la vidéo en question pourrait peut-être, sait-on jamais, déranger un annonceur qui ne souhaite pas associer sa marque au contenu.
https://twitter.com/DocSevenTV/status/771239707791364097
Sur son site internet, Google précise dans ses « consignes relatives aux contenus adaptés aux annonceurs » qu’elles interdisent notamment les « contenus traitant de sujets et d’événements controversés ou sensibles, tels qu’une guerre, un conflit politique, une catastrophe naturelle ou une tragédie, même si des images choquantes ne sont pas diffusées ».
Or en l’espèce, la vidéo de Doc Seven qui résume l’actualité internationale de l’année 1991 parle effectivement de plusieurs guerres, et notamment de la guerre du Golfe menée contre l’Irak. Elle parle aussi de catastrophes naturelles qui se sont produites cette année-là.
Pour espérer gagner de l’argent en échange des nombreuses heures passées à écrire, filmer et monter leurs vidéos, les YouTubeurs qui s’intéressent à l’actualité devraient donc s’abstenir de parler de certains sujets qui fâchent ou même de sujets historiques, tels que les guerres. Ils pourront bien sûr aller héberger leurs vidéos ailleurs, mais ils se privent alors de l’audience des millions d’internautes qui reçoivent leurs notifications YouTube ou utilisent le moteur de recherche. Ne pas publier sur YouTube, aujourd’hui, revient à abandonner tout espoir de vivre de ses vidéos, tant la plateforme de Google est incontournable.
Pourtant, en principe, ce type de vidéos ne devrait pas être interdit. YouTube considère en effet qu’une vidéo peut être adaptée aux annonceurs si, même en présence de « contenus inappropriés », elle est « humoristique ou liée à l’actualité, et a été créée dans l’objectif de divertir ou d’informer les internautes (et non de les offenser ou de les choquer) ».
En l’espèce, Doc Seven n’a offensé ou choqué personne, en ne faisant que relater l’Histoire. Mais il avait mis le tag « gulf war », et c’est peut-être ce qui aurait déclenché la suppression des pubs, sur cette vidéo publiée initialement il y a plus d’un an.
https://twitter.com/DocSevenTV/status/771245992960102400
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