Ce n’est qu’en octobre dernier que Sindalah, une île qui fait partie de Neom, le projet d’urbanisme de l’Arabie saoudite, a ouvert ses portes. Un événement en grande pompe, mais à la réalité plus nuancée. Comme le révèle le Wall Street Journal, le projet Sindalah est en passe de coûter près de 4 milliards de dollars, soit trois fois plus que le budget initial. Même chose pour The Line et les autres villes qui sortent de terre en Arabie saoudite.
Sindalah, la première partie du projet Neom, ne tient pas ses promesses
Décrit comme un « projet relativement simple et de faible hauteur », le plus avancé de Neom, Sindalah déçoit. Pourtant, tout était là pour son inauguration : des célébrités américaines étaient présentes sur l’île, comme Will Smith, Tom Brady ou Alicia Keys, le tout dans des hôtels de luxe et des yachts. Selon les documents du conseil d’administration de Neom, la fête aurait coûté plus de 45 millions de dollars. En apparence, tout était là pour une inauguration réussie.

Sauf que le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, maître d’œuvre de Neom, était absent. Ce alors même qu’il a déjà dépensé plus de 50 milliards de dollars dans The Line, projet d’urbanisme parallèle. Selon le Wall Street Journal, deux nouveaux cadres du projet ont considéré l’absence du prince héritier comme un signe de désapprobation. D’autant plus que quelques semaines plus tard, le patron de Neom quittait le projet.

Ce qui pose problème avec Sindalah, c’est que les coûts ont explosé et le projet prend un grand retard. À son inauguration en août dernier, les hôtels n’étaient pas terminés et des vents violents empêchaient ferries et golf de fonctionner. Sans compter qu’une grande partie du site était toujours en construction. Depuis le mois d’octobre, l’île est presque déserte : les restaurants ne sont presque pas fréquentés. Les hôtels censés ouvrir début 2024 et le golf n’ont toujours par ouvert leurs portes.
Où en est Neom ?
Neom est une mégalopole en construction lancée en 2017 par l’Arabie saoudite. Le pays souhaite créer de toutes pièces un centre international en plein désert dans l’optique de diversifier son économie et moins dépendre du pétrole. Mohammed ben Salmane le décrit comme une « révolution civilisationnelle » qui accueillerait 9 millions de personnes d’ici 2045. Neom regroupe Sindalah, The Line, mais aussi Trojena, une destination touristique de montagne ; Magma, une station balnéaire sur le golfe d’Aqaba ou encore Oxagon, une ville flottante. Mais derrière les effets d’annonce, le projet d’urbanisme doit faire face aux réalités économiques.
Le journal américain rapporte que Mohammed ben Salmane et les équipes de Neom se seraient mutuellement illusionnés, rendant le projet trop fantastique : des cadres de Neom n’auraient pas tout dit sur les défis et les coûts. Le Wall Street Journal explique avoir pu examiner un audit interne réservé aux membres du conseil d’administration : il révèle que les cadres de Neom « ont intégré des hypothèses irréalistes dans le plan d’affaires de Neom afin de justifier l’augmentation des coûts estimés. »
L’audit met en avant des « preuves de manipulation délibérée ». Un audit qui dénonce des sanctions pour les cadres dissidents : un chef de projet de Sindalah a été « démis de ses fonctions après avoir contesté les estimations de coûts ». D’anciens cadres et employés de Neom racontent également que le projet est intenable, tant en termes de temporalité qu’en termes de financement.

L’une des versions d’un projet de présentation du conseil d’administration, datant de l’été dernier, évaluait Neom à 8 800 milliards de dollars. Ce qui représente plus de 25 fois le budget annuel de l’Arabie saoudite. Il faudrait alors attendre jusqu’en 2080 pour que Neom soit terminé. D’ici à 2035, il faudrait 370 milliards de dollars pour finaliser la première phase.
Si pour le moment c’est essentiellement l’État saoudien qui prend en charge les coûts, il espère toutefois se voir rejoindre par des investisseurs privés, notamment du côté de la Chine. Face aux révélations du Wall Street Journal, on les imagine plus frileux. Un porte-parole de Neom a réagi en précisant que les chiffres avaient été « mal interprétés », soulignant que « le projet reste sur la bonne voie, démontrant des progrès tangibles ». Quant au gouvernement saoudien, il s’est refusé à tout commentaire.
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