Alors que nous indiquions jeudi que France 2 avait encouragé au téléchargement illégal en proposant sur son site trois mixtapes, dont deux avaient d’ailleurs été supprimés des services d’hébergement, la chaîne a choisi de… remettre des liens qui fonctionnent. La chaîne persiste, à tort juridiquement, au nom de « l’information pour nos internautes ». Et l’on ne peut que s’en réjouir.

Hier, nous rapportions que le site internet de France 2 avait eu la bonne idée de proposer « trois mixtapes à télécharger pour l’été ». Le problème, expliquions-nous, c’est qu’il s’agit de téléchargement illégal. D’ailleurs, deux des trois mixtapes proposées avaient été supprimées des plateformes d’hébergement, pour violation des droits d’auteur. Depuis, France 2 a lu notre article… et persiste.

« Loin de nous l’idée de faire l’apologie des sites de téléchargement illégal comme le suggère le site Numérama. Nous tenons à préciser que les trois mixtapes pré-citées ont été mises à disposition de tous les internautes par les artistes eux-mêmes et annoncées sur leurs fils Twitter, pour certaines dans un premier temps via des plateformes de téléchargement (Mediafire, MegaUpload)« , explique la chaîne publique. « Que les artistes aient décidé ensuite de les publier ailleurs et de dévalider celui des plateformes est indépendant de notre volonté« . Loin d’avoir pris notre article en considération, France 2 explique même avoir mis à jour les liens pour proposer des liens de téléchargement qui, cette fois, fonctionnent !

Malheureusement pour France 2, et il faut bien comprendre que ça n’est pas une critique, sa démarche reste illégale. Car celle des artistes qui proposent leurs mixtapes l’est. Le principe d’une mixtape n’est pas de proposer sa propre musique en téléchargement. Ca n’est pas de compiler les chansons pour lesquelles l’on possède soit-même les droits. C’est de rassembler dans un même ensemble des chansons écrites et produites par d’autres, qui forment une sélection musicale cohérente. Or cet assemblage est fait, presque systématiquement, sans l’autorisation des auteurs et/ou des maisons de disques dont les chansons sont ainsi diffusées. La compilation Summertime2 présentée par France 2 propose par exemple des chansons de R. Kelly, Stevie Wonder, ou James Brown, et l’on doute très fortement que eux ou leurs ayants droit aient donné l’autorisation.

Si nous « dénonçons » (notez les guillemets) France 2, ça n’est certainement pas pour attaquer la chaîne ou pour souhaiter qu’elle s’abstienne de diffuser ce type de liens à l’avenir… mais pour que le poids du droit d’auteur actuel, devenu insoutenable dans l’ère numérique, soit compris par ceux qui d’ordinaire le promeuvent. S’ils réalisent le ridicule induit par la protection absolue des droits, peut-être rejoindront-ils la bataille pour une révision du droit d’auteur. C’est dans ce même esprit que nous évoquons les contrefaçons par l’UMP, ou que nous relations dernièrement le cas de Jacques Pradel sur RTL.

France 2 a raison, au fond, lorsque la chaîne s’explique en concluant que « ces mixtapes très prisées dans la musique électronique et le hip-hop étant réalisées dans une démarche artistique à but non lucratif, nous considérons qu’en faire état est une information pour nos internautes« . Mais il faudrait que ça devienne effectivement un droit reconnu, par exemple via une licence globale, et non un droit que l’on s’arroge au nom d’un bon sens que personne, ici, ne conteste.

Alors, France 2, rejoignez-vous le camp de ceux qui s’opposent à la riposte graduée et qui souhaitent une vraie réforme du droit d’auteur, en faveur d’une meilleure diffusion des œuvres et de la culture ?

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