Alors que sa présidence s’achève dans quelques mois, Barack Obama fera-t-il preuve de clémence à l’égard d’Edward Snowden avant de quitter le bureau ovale ? C’est le souhait qu’a émis le lanceur d’alerte cette semaine, alors qu’il répondait aux questions du journal britannique The Guardian. Pour l’ancien agent de la CIA et de la NSA, ses révélations ont servi l’intérêt général.
« Oui, il y a des textes de loi qui disent un certain nombre de choses mais c’est peut-être pourquoi la grâce présidentielle existe — pour les exceptions, pour les cas qui semblent illicites de prime abord, mais qui, si on les regarde d’un point de vue moral, éthique, quand on voit les résultats, apparaissent comme nécessaires, comme vitales », avance-t-il au cours de l’entretien.
« Je pense que lorsque les personnes voient les bénéfices, il est évident que depuis 2013 les lois de notre pays ont changé. Le congrès, les tribunaux et le président ont tous changé leur politique après ces révélations. Dans le même temps, il n’y a jamais eu de preuve public que quelqu’un ait en ait effectivement souffert », fait remarquer l’Américain, qui est pour l’instant réfugié en Russie.
Pour l’heure, Edward Snowden a obtenu des autorités russes un permis de séjour qui est valable jusqu’à la mi-2017. S’il existe des possibilités juridiques pour prolonger sa présence dans le pays, le véritable souhait de l’ex-agent est de pouvoir rentrer chez lui. Et puisque les révélations sur les agissements de la NSA ont eu lieu sous la présidence Obama, il aimerait bien obtenir un pardon avant qu’il quitte ses fonctions en janvier 2017.
Officiellement, il n’est pas question de pardonner quoi que ce soit à Snowden. L’été dernier, une pétition ayant réuni 167 000 signatures en faveur d’une grâce présidentielle avait été écartée par Lisa Monaco, la conseillère à la sécurité intérieure au sein du bureau exécutif du président des États-Unis. « En ce moment, il fuit les conséquences de ses actes », avait-elle déclaré, avant de plaider en faveur d’un procès, « au lieu de se cacher derrière la protection d’un régime autoritaire ».
D’autres ont un discours plus nuancé. L’ancien procureur général des États-Unis, Eric Holder, a estimé ce printemps que l’intéressé a rendu service au public. « On peut toujours discuter de la façon dont Snowden a fait ce qu’il a fait, mais je pense qu’il a en réalité rendu un service public en soulevant le débat dans lequel nous nous sommes engagés, et grâce auquel nous avons fait des changements ».
« Il a violé la loi. (…) Je pense qu’il doit y avoir une conséquence à ce qu’il a fait. Mais je pense qu’en décidant de ce que devrait être la bonne peine, un juge pourrait prendre en compte l’utilité d’avoir eu ce débat national ». « Il faut qu’il prenne un avocat, qu’il revienne, et qu’il décide de ce qu’il veut faire : aller en procès ou essayer de négocier un accord », a-t-il suggéré. La perspective d’un deal entre Snowden et Washington avait été esquissée en juillet 2015 par ce même Eric Holder.
Outre-Atlantique, une nouvelle pétition signée par un peu moins de 60 000 personnes et lancée par l’Union américaine pour les libertés civiles a émergé, mais elle ne devrait pas changer fondamentalement la donne. Washington a déjà exprimé sa position à ce sujet l’an passé lors d’une précédente mobilisation de l’opinion publique.
Edward Snowden est aujourd’hui poursuivi pour espionnage, vol et utilisation illicite de biens gouvernementaux (transmission non autorisée d’informations relevant de la défense nationale et de divulgation de renseignements classifiés à une personne non autorisée). Il est accusé d’avoir enfreint deux dispositions de la loi Espionage Act de 1917. Celle-ci peut être passible de la peine de mort. S’il rentrait aujourd’hui, Edward Snowden serait arrêté immédiatement et déféré devant un tribunal.
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