Le terroriste norvégien Anders Behring Breivik aurait passé 200 heures à rechercher sur Google les pages lui permettant de préparer ses actions meurtrières. Ce qui devrait raviver un débat sur la surveillance de l’activité des internautes.

Ca n’est pas une question politiquement correcte, mais il est essentiel de la poser. Qu’est-il le plus important à sauvegarder, entre la vie privée de centaines de millions d’individus ou la vie tout court d’une centaine ou de quelques milliers d’entre eux ? Il n’existe sans doute pas de bonne réponse à cette question, tant elle dépend des valeurs de chacun, et pourtant il importe que la société tout entière se pose cette question fondamentale.

Quel degré d’abandon de la vie privée et des libertés est-on prêt à accepter pour tendre au maximum vers une sécurité parfaite ?

Le massacre réalisé par le terroriste d’Oslo, Anders Behring Breivik, pourrait violemment raviver le débat sur la surveillance de l’activité des individus sur Internet. Car selon le journal norvégien Dagbladet, Breivik aurait passé 200 heures sur Google à effectuer des recherches liées à ses préparatifs, du type « comment fabriquer une bombe« . Ce qui fait s’interroger un universitaire australien : « pourquoi Google n’a-t-il pas attrapé le tueur norvégien ?« .

Dresser un profil des internautes terroristes

On sait que Google enregistre l’historique des termes de recherches saisis par ses utilisateurs, et les fournit aux autorités judiciaires sur requête. Mais l’affaire pourrait rapidement convaincre des gouvernements ou parlementaires d’exiger de Google qu’il signale d’office les comportements suspicieux de ses utilisateurs, lorsqu’ils recherchent avec un peu trop d’entrain des expressions liées à des activités terroristes.

Deux solutions pourraient être envisagées.

La plus simple serait pour les autorités d’obliger Google et ses concurrents à surveiller une liste de mots clés, et à fournir la liste des adresses IP / noms d’utilisateurs qui les saisissent. Le risque est cependant d’avoir une très grande liste de noms, absolument impossible à trier (Breivik était d’ailleurs apparu sur un listing après avoir acheté de l’engrais utilisé pour fabriquer des explosifs, mais la liste était tellement longue que les autorités ne pouvaient rien en déduire).

L’autre, plus efficace, serait d’exploiter les algorithmes que Google utilise déjà pour dresser les profils de ses utilisateurs à des fins de ciblage publicitaire, mais cette fois pour identifier les profils de terroristes en puissance. « Ca pourrait marcher« , reconnaît dans The Age le professeur Sanjay Chawla, responsable de l’école des technologies de l’information de Sydney. Mais « le nombre de terroristes est en réalité très faible pour réaliser un profil évocateur de ce à quoi ressemble le terroriste moyen« , nuance-t-il.

Cela vaut-il cependant la peine d’essayer ? Gageons que certains voudront l’y obliger, dans une adaptation moderne de Minority Report.

Ce qui vaut peut-être le coup pour arrêter les terroristes, et éviter quelques milliers de morts. Mais où placera-t-on la ligne jaune pour les autres crimes et délits ? « Si vous faites des recherches sur les drogues récréatives ou du contenu piraté, est-ce que ça devrait être relevé et rapporté ?« , s’interroge Danny Sullivan, le rédacteur en chef de Search Engine Land.

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