Interrogés la semaine dernière par un site de jeux vidéo, des développeurs du studio Team Meat ont estimé que le piratage n’était pas un obstacle à leurs activités. C’est même tout le contraire. Pour eux, le téléchargement est non seulement un bon moyen de promotion, mais également un moyen d’attirer un nouveau public et de l’inciter à les soutenir légalement.

L’impact du piratage sur l’économie est un sujet qui fait débat depuis plusieurs années, aussi bien du côté des internautes que du côté de l’industrie du divertissement. Schématiquement, deux grands camps s’affrontent. Pour les uns, il serait grossier de résumer les effets du piratage à une simple équation (un téléchargement illicite équivaut à une vente perdue) tandis que pour les autres, la copie illégale cause un préjudice économique direct à la filière et aux créateurs.

Ces derniers, qui sont en définitive les premiers concernés par ce sujet, sont également divisés. En novembre 2009, l’association des développeurs de jeux indépendants (TIGA, pour Independent Games Developers Association) avait interrogé les développeurs britanniques sur le thème du piratage. Nombreux (90 %) sont ceux qui ont estimé que le piratage n’était une menace, mais plutôt un défi à relever. Sur les sanctions contre les internautes et sur les mesures à prendre (DRM), les positions étaient en revanche beaucoup plus équilibrées.

Le piratage peut favoriser les ventes d’un jeu

Pour les développeurs du studio Team Meat, connu en particulier pour le jeu Super Meat Boy (disponible sur Xbox Live Arcade, Windows, Wii, Steam, Flash) la question est tranchée. Le 27 juillet dernier, les développeurs Tommy Refenes et Edmund McMillen considèrent que le piratage peut avoir, à terme, un impact positif sur l’économie et entrainer de nouvelles entrées d’argent.

« Si le jeu finit par être fortement piraté, si c’est un bon jeu que les gens aiment vraiment, ces derniers seront sans doute plus disposés à acquérir le jeu ou à en parler à d’autres personnes » ont-ils déclaré à IGN. Si tous les pirates n’achèteront pas le jeu qu’ils ont piraté, certains le feront. Et les autres auront au moins contribué en partie à sa popularité sur les réseaux P2P.

« Lorsque Meat Boy est sorti sur BC et que des torrents ont commencé à apparaître sur The Pirate Bay, j’ai voulu vérifié et j’ai eu un ami qui m’a dit ‘félicitations, je viens juste de voir ton jeu dans le top 50 de The Pirate Bay pour les jeux vidéo’. Et lorsque j’ai vérifié et que nous étions 30ème, j’étais déprimé parce que le titre n’était pas mieux classé, parce que c’est une mesure du succès » a expliqué Edmund McMillen.

Le piratage comme moyen de promotion

Il existe de nombreux exemples démontrant qu’une œuvre piratée a permis de relancer ses ventes dans le commerce. C’est le cas de Barcelona, un groupe de musique qui a connu une forte notoriété grâce à l’utilisation illicite d’un de leurs morceaux de musique dans une vidéo qui a été vue plus de trois millions de fois sur YouTube, la célèbre plate-forme vidéo de Google.

Des artistes dont la popularité est déjà forgée, comme Moby et Coldplay, ont également été confronté au même phénomène. Les titres mis à disposition gratuitement ont connu un bon succès sur les plates-formes légales de téléchargement. Hormis la musique, des exemples existent aussi dans le domaine du livre, de la bande-dessinée, du cinéma ou des dessins animés.

L’opinion des développeurs du studio Team Meat ne changera évidemment rien aux positions des uns et des autres. L’industrie du divertissement continuera à clamer que le téléchargement illicite constitue une grave menace pour la pérennité de ce secteur économique. À ce sujet, elle peut s’appuyer sur l’évaluation très controversée du piratage en en Europe.

Des études sur le piratage qui s’opposent

Réalisée par Tera Consultants, elle affirme que le piratage va générer 1,2 million de chômeurs en Europe d’ici 5 ans. Un chiffre élevé, que les ayants droit comme le SNEP ne manquent pas de rappeler pour justifier la mise en place de mesures répressives dans les différentes législations… ignorant dans le même temps les études, autrement plus mesurées, pour ne pas dire contradictoires, sur le sujet.

Citons ainsi une étude commandée par le gouvernement néerlandais qui affirme que les effets du partage de fichiers et du téléchargement gratuit seraient globalement positifs pour la société en général et l’économie en particulier. Ou encore celle conduite par Interpret qui souligne que les plus actifs sur les réseaux P2P sont aussi les meilleurs clients des plates-formes légales.

Sans parler de l’impact du piratage sur le développement technologique ou sur la qualité de l’offre légale

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