À défaut de prévenir les crimes et les délits, la vidéosurveillance va-t-elle se distinguer au moment où Londres fait face aux pires émeutes depuis vingt-cinq ans ? La police britannique veut y croire. Confiante dans l’efficacité de la vidéosurveillance, elle a annoncé mardi la publication de photographies montrant des casseurs et des émeutiers pris sur le fait par les nombreuses caméras qui parsèment la capitale du Royaume-Uni.
L’objectif de la Metropolitan Police Service est clair : accélérer l’identification des personnes ayant un rôle actif dans les pillages et les dégradations afin d’entamer le plus rapidement possible des poursuites judiciaires. Pour cela, la police londonienne compte sur l’aide des internautes britanniques pour y parvenir. Elle a ainsi commencé à diffuser sur Flickr, un site de partage de photos, différents clichés pris par les caméras de Londres.
« L’objectif de l’opération Withern est de traduire devant la justice ceux qui ont commis des actes violents et criminels. À mesure que l’enquête avance, nous allons publier des photographies des suspects, comme celles des présumés pillards que nous publions aujourd’hui » est-il expliqué sur la page Flickr. Ces images ont été prises tôt ce matin, selon la police. Pour l’heure, quinze clichés ont été publiés.
Avec plus de 4,2 millions de caméras de vidéosurveillance disséminées à travers tout le pays, dont 500 000 uniquement à Londres, le Royaume-Uni est sans aucun doute le pays le plus avancé en matière de vidéosurveillance. Toutefois, ce dispositif est loin d’être la panacée en matière de sécurité. Preuve en est, il n’a ni permis d’empêcher le déclenchement des émeutes ni de contenir la violence des casseurs.
Les limites de la vidéosurveillance
Les doutes sur l’efficacité de la vidéosurveillance ne sont pas nouveaux. En 2008, les criminologues britanniques ont déjà mis en lumière l’inefficacité d’un tel dispositif, qui n’est au mieux « qu’un piètre auxiliaire » de la police. Cette dernière ne parvient par ailleurs pas à l’utiliser complètement, puisqu’elle en est réduite à demander un coup de main aux internautes.
« La majorité des réseaux de vidéosurveillance visent à prévenir les comportements déviants en exerçant une dissuasion (‘deterrence’) symbolique mais plus ou moins inopérante (‘incompetent’) : tandis que les caméras sont très facilement visibles par les surveillés, ceux-ci sont beaucoup plus difficiles à voir pour les surveillants, à cause d’un visionnage irrégulier et de la trop grande quantité d’informations à traiter » expliquait le rapport final du programme de recherche européen Urbaneye, cité par le chercheur Noé Le Blanc sur Rue89.
La police n’a pas les moyens de traiter avec rapidité toute cette masse d’informations. Dans ces conditions, à quoi bon avoir 500 000 caméras dans une seule et même ville s’il n’est pas possible d’avoir un impact significatif sur la criminalité et s’il n’est pas possible de traiter les images en temps réel et de réagir rapidement ? Des problèmes qui n’empêchent pas certains politiques de persister dans cette voie. Notamment en France.
Rappelons que la série d’émeutes qui agite le Royaume-Uni depuis quelques jours a démarré le 6 août dernier, dans le quartier défavorisé de Tottenham, au nord de Londres. Les émeutiers suspectent la police d’une bavure, suite au décès d’un homme de 29 ans, tué au cours d’une fusillade avec les forces de l’ordre. La situation s’est depuis rapidement dégradée, avec la mort d’un homme.
Les affrontements violents avec la police ont par ailleurs commencé à gagner d’autres quartiers londoniens ainsi que d’autres villes du Royaume-Uni comme Liverpool, Birmingham ou encore Bristol.
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