La France a-t-elle eu un rôle ambigu en Libye ? Alors que le printemps arabe a entraîné une guerre civile dans le pays et permis aux rebelles de chasser du pouvoir le colonel Khadafi, les révélations du Wall Street Journal viennent jeter un voile sur l’attitude de la France durant ces derniers mois. Le quotidien économique américain a en effet indiqué qu’une entreprise française, Amesys, a participé à la surveillance du net en Libye.
Face au scandale qui se profile, la classe politique commence à se saisir de l’affaire. Le député socialiste Christian Paul souhaite en particulier connaître l’implication de l’État français dans ce dossier. Dans une question écrite adressée au gouvernement, reproduite sur son blog, le parlementaire s’interroge sur le rôle de la France dans la vente et l’emploi d’armes technologiques destinées à la surveillance des internautes libyens.
« Le droit à la connexion pour tous et les libertés numériques font aujourd’hui partie des principes que notre République doit défendre sans faiblir. Or, les inquiétantes révélations d’observateurs nombreux […], conduisent à penser que des technologies françaises destinées à la surveillance des communications numériques, appelées Deep Packet Inspection (DPI), ont été vendues à la Libye, au cours des dernières années« .
« L’exportation de ces outils d’analyses des échanges numériques (messageries, réseaux sociaux…) commercialisées par les entreprises françaises doit à l’évidence être soumise au contrôle et à l’autorisation des autorités françaises, car ils sont assimilables à des armes technologiques » note le député de la Nièvre. Autrement dit, est-ce que le gouvernement a donné son feu vert pour de tels contrats avec la Libye ?
« Si ces technologies avaient été commercialisées sans l’aval officiel de l’Etat, quelles mesures le gouvernement entend-il prendre pour qu’à l’avenir, elles soient soumises à cette procédure, et ainsi, ne puissent être vendues à des régimes autoritaires ? » poursuit le député, qui demande également si ces technologies ont été proposées ou vendues à d’autres régimes du même acabit.
Affaire à suivre.
( photo : Wall Street Journal )
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