La Chine a-t-elle encore les moyens de censurer totalement les internautes chinois et de brider le flot d’information qui parcoure la toile ? Avec le développement très rapide des services de micro-blogging, les autorités semblent être confrontées à des difficultés croissantes. Et la chasse aux rumeurs propagées sur le net ne permet plus au pouvoir de contrôler complètement l’opinion publique chinoise.
C’est en tout cas l’analyse de Hu Yong, professeur de journalisme à l’université de Pékin. Interrogé par l’AFP, il a dressé un parallèle avec les insurrections qui ont touché plusieurs pays arabes. Tout comme en Tunisie, en Égypte ou en Libye, c’est à travers les réseaux sociaux que se forge aujourd’hui la contestation populaire. Ces sites sont devenus le nouvel espace où se forme et s’alimente l’opinion publique.
Un phénomène qui se retrouve désormais en Chine, comme l’ont montré deux évènements survenus récemment. Le premier concerne une usine de produits chimiques située non loin de la ville de Dalian. L’installation a été délocalisée suite à la grande de la classe moyenne locale, qui a pu se mobiliser grâce à des messages diffusés sur Weibo (l’équivalent de Twitter en Chine).
Le second s’est déclenché lors d’un accident de train qui a entraîné la mort de quarante personnes, en juillet dernier. La manière dont l’information a été traitée par les médias et les réponses lacunaires des autorités ont entraîné un flot de critiques très vives sur le web. Des milliers de personnes ont réclamé des explications sur la sécurité ferroviaire à grande vitesse en Chine.
Est-ce à dire que la dictature chinoise ne parvient plus à censurer quoi que ce soit ? Nullement. Mais les fondations de la grande muraille numérique vacillent. Le pouvoir, qui se méfie de la menace extérieure, n’a semble-t-il pas vraiment imaginé que des coups allaient être portés depuis l’intérieur de son dispositif. Twitter a été interdit sur le territoire chinois ? Qu’importe, puisque des outils « made in China » comme Weibo ont vu le jour.
Le contrôle de l’Internet et la neutralisation par tous les moyens de l’information en ligne, y compris par des actions offensives, sont les seuls moyens pour la Chine de conserver la stabilité de son régime politique. Le développement des réseaux sociaux met justement à mal cette stabilité, puisqu’elle favorise la libération de la parole chez les Chinois… et la contestation sociale.
« Weibo est une plate-forme de média social particulièrement efficace pour agréger des micro-opinions afin de former une voix collective. Ce mécanisme de formation de l’opinion publique est nouveau et pose effectivement un défi à la méthode traditionnelle de contrôle et de censure du parti » analyse Xiao Qiang, spécialiste des médias à l’université de Berkeley. La mission des censeurs se complique, mais ces derniers n’ont pas dit leur dernier mot.
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