Essayer de déterminer à l’avance où sont les quartiers où peuvent se produire des crimes ou des délits, pour y renforcer la présence policière, a toujours fait partie de la stratégie normale de toute autorité de police qui doit prévenir la délinquance — qu’il s’agisse simplement de bon sens en patrouillant davantage là où les vols, les meurtres ou les viols sont les plus fréquents, ou de constituer un réseau d’indicateurs et de professionnels du renseignement, pour savoir où se préparent des méfaits. Mais la police prédictive est en train de prendre depuis quelques années une place prépondérante dans le travail des forces de l’ordre, qui ont accès avec Internet, les téléphones mobiles et les caméras de surveillance à une quantité inédite et gigantesque de données en temps réel à analyser.
Sans même parler d’intrusion dans la vie privée, tout ce que l’on dit publiquement sur les réseaux sociaux peut être collecté, croisé et passé à la moulinettes d’algorithmes d’intelligences artificielles, qui peuvent aussi prendre en compte le profil de l’internaute pour interpréter les propos et déclencher des alertes — c’est tout l’objet du controversé « renseignement d’origine sources ouvertes », ou OSINT, très en vogue dans la lutte contre le terrorisme, qui présente le risque de rendre algorithmique le fameux « délit de sale gueule » rempli de discriminations.
Au sujet de cette tendance, Mic rapporte qu’aux États-Unis le Département de la Justice a accordé une dotation de 600 000 dollars à la Rand Corporation, pour étudier l’utilisation de Twitter dans la prévention des crimes et délits. Pendant trois ans, les chercheurs vont cartographier les « crimes de haine » qui se produisent à Los Angeles (les meurtres, agressions, viols ou autres commis en raison de la couleur de peau, de l’orientation sexuelle, de la condition sociale, etc., ou encore les délits liés à des réactions de colère face à des événements), et tenter de voir s’il y a des corrélations avec l’activité de Twitter dans le même secteur géographique.
La Rand se basera sur un modèle prédictif développé par l’Université de Cardiff, qui déjà travaillé sur la détection d’activités typiques qui précèdent sur Twitter la commission de crimes ou délits. Les données sont croisées avec les cartographies et historiques que possèdent déjà la police, et Twitter n’est qu’une source parmi beaucoup d’autres qui viennent alimenter un moteur de prédiction des passages à l’acte.
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