En début de semaine, des membres d’Anonymous ont diffusé les données personnelles de près de 25 000 policiers autrichiens. Clamant que personne n’a rien à cacher, le groupe a pourtant franchi une ligne rouge en publiant des informations qui n’ont pas grand chose à voir avec ses missions premières.

Anonymous a-t-il commis un impair en publiant les informations personnelles de quelques 25 000 policiers autrichiens ? Alors que le collectif avait l’habitude de prendre pour cible les gouvernements et les entreprises, des membres du collectif ont diffusé en début de semaine des données (nom, prénom, date de naissance, adresse) de 24 938 fonctionnaires.

Sur son fil Twitter, AnonAustria a souhaité marquer son mécontentement vis-à-vis d’un texte de loi sur le stockage des données, dont la mise en application doit survenir l’an prochain. Les membres autrichiens du groupe ont espéré qu’en publiant ces informations sur le net, les internautes prendront la mesure du risque que fait porter le stockage de certaines données.

Une décision critiquable

La méthode est toutefois contestable. Le groupe, qui aime s’ériger en défenseur de la liberté d’expression et en protecteur des droits individuels, semble – par cette publication – fouler quelque peu au pied ses propres principes et missions en diffusant justement des informations personnelles appartenant à des fonctionnaires, mais qui n’en demeurent pas moins des citoyens.

D’après les informations obtenues par l’AFP auprès du ministère de l’intérieur autrichien, les données auraient été obtenues par le biais d’une organisation proche de la police. Il ne s’agit donc manifestement pas d’un piratage. Une enquête a été ouverte pour déterminer l’origine de la fuite. Dans un autre message, toujours sur Twitter, AnonAustria estime de toute façon que « personne n’a rien à cacher, n’est-ce pas ?« .

Le groupe, qui a fait de l’anonymat son principal atout, est quelque peu gonflé de dire ça. Bien qu’ayant accédé à la notoriété il y a trois ans grâce au projet Chanology, une opération dirigée contre l’église de Scientologie, Anonymous est surtout un collectif de personnes non-identifiées. Surtout que les Anonymous eux-mêmes goûtent assez peu à ce genre de diffusion.

Plaider la transparence, rester anonyme

En mai dernier, un opérateur du canal IRC sur lequel les sympathisants du mouvement Anonymous se coordonnaient avait attaqué les serveurs et publié les adresses IP de centaines d’internautes s’étant connectés aux canaux de discussions de la communauté. Le groupe avait ensuite réagi dans un communiqué, estimant que la diffusion de ces données était un « drame« .

À ce compte-là, faut-il comprendre qu’Anonymous n’est pas non plus favorable à l’anonymat, puisque personne n’a rien à cacher ? Il est évidemment impossible de répondre pour l’ensemble d’Anonymous, puisque par nature il s’agit d’un collectif non structuré où plusieurs groupes gravitent autour d’une même idéologie. Certaines « formations » agissent avec plus ou moins de retenue ou d’éthique.

Preuve en est, au regard des actions des membres d’Hollywood Leaks, qui diffusent des contenus très personnels de célébrités et qui n’ont décidément pas grand chose à voir avec les missions premières d’Anonymous.

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